La FAA, l'autorité américaine de sécurité aérienne, a interdit dans la nuit de mercredi à jeudi tous les vols de Boeing 787 Dreamliner à travers le monde en raison des problèmes de batterie rencontrés au Japon, a-t-on appris auprès de l'autorité européenne AESA à Cologne (ouest).
"C'est une décision rare", a déclaré un porte-parole, soulignant que seul le pays de fabrication de l'appareil était habilité à prendre une telle décision au niveau mondial.
Un Dreamliner d'ANA a dû atterrir d'urgence mercredi matin à Takamastu (sud du Japon) à cause d'une alarme signalant la présence de fumée et d'une odeur forte à bord en provenance de la batterie. Il s'agit du deuxième incident ce mois-ci impliquant une batterie au lithium-ion.
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Les batteries analysées
L'autre problème ressemblant, constaté la semaine passée à Boston sur un appareil de JAL, a aussi entraîné des fuites d'électrolytes inflammables, des émanations de chaleur et de la fumée, selon la FAA, laquelle n'autorisera pas les Dreamliner enregistrés aux Etats-Unis à redécoller tant que les batteries ne seront pas jugées sûres.
Au Japon, les enquêteurs dépêchés par le Bureau de l'aviation civile et la Commission de sûreté à Takamatsu se concentrent également sur l'examen de la batterie. ANA a précisé que la batterie en question était neuve, un remplacement ayant été effectué récemment, le 17 octobre, après un souci sur celle d'origine.
Autres incidents
Outre les deux incidents de batterie, cinq autres avaries se sont produites sur des exemplaires japonais du dernier-né de Boeing en deux semaines: deux fuites de carburant, un écoulement d'huile, un pare-brise ébréché en vol et un souci sur le système de frein.
Vendredi la FAA avait annoncé le lancement d'une enquête "approfondie" sur le 787.
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Le Bureau américain de la sécurité des transports (NTSB) a par ailleurs annoncé mercredi l'envoi d'une enquêtrice au Japon.
ats/vkiss
Fabriquée au Japon, assemblée en France
La batterie incriminée est fabriquée par la société japonaise GS Yuasa, et intégrée dans un ensemble électrique conçu par le groupe français Thales.
A la demande des autorités, la société qui fabrique la batterie lithium-ion, GS Yuasa, a dépêché jeudi matin trois ingénieurs à Takamatsu.
"Nous avons confiance dans nos batteries lithium-ion, mais nous voulons coopérer pleinement avec les enquêteurs", a indiqué une porte-parole de GS Yuasa. "A ce stade, nous ne savons pas si le problème provient de la batterie elle-même ou du système électrique dans lequel elle est intégrée", a-t-elle ajouté.
Et de préciser: "GS Yuasa ne fournit pas directement les batteries à Boeing, mais les livre à Thales qui les assemble dans un ensemble de conversion électrique".
Des techniciens de GS Yuasa s'étaient déjà rendus aux Etats-Unis la semaine dernière après un départ de feu dû à une batterie sur un autre Boeing 787 de Japan Airlines (JAL) qui venait d'atterrir à Boston.
Boeing se veut rassurant
Face à cette succession de revers, le PDG de Boeing Jim McNerney s'est voulu rassurant.
"Nous prendrons toutes les mesures nécessaires dans les jours à venir pour rassurer nos clients et les voyageurs sur la sûreté du 787 et pour que ces avions reprennent leur service", a réagi Jim McNerney dans un communiqué publié après la décision des autorités américaines.
"Nous avons confiance dans le fait que le 787 est sûr", a-t-il martelé.
La concurrence ne jubile pas
Le groupe Airbus s'est montré solidaire jeudi de son grand rival, et ce alors qu'il a dévoilé un bilan 2012 meilleur que prévu, avec 588 appareils livrés à 89 clients.
"Je souhaite le meilleur à notre collègue. Un avion est conçu pour voler (...) Je ne parie pas sur les difficultés d'un concurrent", a déclaré Fabrice Brégier, le PDG d'Airbus, lors d'une conférence de presse à Toulouse (sud-ouest de la France).
"On espère que cet avion va revoler bientôt car nous aimons bien la compétition", a-t-il ajouté.
S'agissant du futur concurrent du Dreamliner, l'A350 en cours de développement, Fabrice Brégier a estimé qu'il n'avait "pas de raison de changer" l'architecture électrique" de son appareil. "Il est trop tôt pour analyser la décision de la Federal Aviation Administration (FAA). Bien sûr, si la FAA émettait des directives et recommandations, nous les étudierions très sérieusement et verrions si cela peut s'appliquer à l'A350", a-t-il toutefois assuré.