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Un dernier assaut met fin à la prise d'otages en Algérie

Site BP algérien d'In Amenas [FAROUK BATICHE]
L'assaut a été mené sur le complexe gazier d'In Aménas, dans le sud-est désertique de l'Algérie, près de la frontière avec la Libye. - [FAROUK BATICHE]
L'assaut final lancé samedi par les forces spéciales algériennes a mis fin à la prise d'otages sur le site d'un complexe gazier du sud-est de l'Algérie. Selon un bilan provisoire officiel, 21 otages et 32 ravisseurs ont été tués en quatre jours.

Selon un bilan provisoire officiel, 21 captifs ont péri durant les quatre jours de prise d'otages sur un site gazier en Algérie, alors que 32 ravisseurs ont été tués par les forces spéciales de l'armée qui ont mené un assaut contre le complexe.

Les forces algériennes ont pu libérer "685 employés algériens et 107 étrangers" et ont abattu "32 terroristes", a indiqué le ministère de l'Intérieur dans un communiqué, lu à la télévision d'Etat. Vingt-et-un otages ont péri, ainsi que deux autres personnes tuées dans une attaque du groupe islamiste avant la prise d'otages, a-t-il ajouté.

Les assaillants avaient attaqué mercredi à l'aube un bus transportant des employés du site gazier se rendant à l'aéroport, tuant un Algérien et un Britannique, avant de prendre en otages les centaines d'autres employés du complexe.

Les forces sécuritaires algériennes escortent un bus transportant samedi des otages libérés à In Amenas. [STR]
Les forces sécuritaires algériennes escortent un bus transportant samedi des otages libérés à In Amenas. [STR]

Différentes nationalités de ravisseurs

Parmi les 32 ravisseurs tués figurent trois Algériens. Les autres étaient de différentes nationalités non précisées et comprenaient des experts en explosifs, a indiqué le ministère. L'envoyée spéciale de la télévision publique, citant de "hauts responsables militaires algériens", a affirmé de son côté que parmi les preneurs d'otages figuraient des islamistes de "nationalité libyenne, néerlandaise, tunisienne, syrienne, égyptienne, malienne, yéménite et canadienne".

Le chef de la diplomatie norvégienne Espen Barth Eide avait déclaré un peu plus tôt, lors d'un point-presse, que la plupart des ravisseurs étaient originaires d'Afrique du Nord mais que certains autres venaient de pays situés en dehors de la région.

"Les preneurs d'otages viennent de différents pays, essentiellement mais pas seulement de la région. Il est fait état de ressortissants de pays autres que l'Afrique du Nord", avait-il dit, sans préciser les pays concernés.

Le complexe gazier d'In Aménas se situe non loin de la frontière libyenne dans le sud-est de l'Algérie. [KEYSTONE - DigitalGlobe]
Le complexe gazier d'In Aménas se situe non loin de la frontière libyenne dans le sud-est de l'Algérie. [KEYSTONE - DigitalGlobe]

Un véritable arsenal récupéré

A la suite de l'assaut, l'armée algérienne a récupéré un arsenal important: "six fusils-mitrailleurs, 21 fusils, deux fusils à lunettes, deux mortiers 60 mm avec roquettes, 6 missiles avec rampes de lancement, deux RPG7 avec huit roquettes, 10 grenades disposées en ceintures explosives", selon le communiqué du ministère algérien.

Des "tenues militaires étrangères et un stock de munitions et d'explosifs" ont aussi été trouvés.

Un premier assaut avait été lancé jeudi par les forces spéciales de l'armée algérienne contre les ravisseurs dans la base-vie, suivi de l'assaut final samedi contre l'usine où s'étaient retranchés 11 assaillants avec sept otages étrangers, tous morts.

Lire aussi: La prise d'otages d'In Aménas racontée par les rescapés du rapt

agences/jgal

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Le sort des otages pays par pays

Royaume-Uni: Six Britanniques et une personne résidant en Grande-Bretagne sont au total morts ou portés disparus sur le site gazier algérien, a annoncé samedi le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague.

Etats-Unis: Le département d'Etat a confirmé vendredi la mort d'un ressortissant américain lors de la prise d'otages. Un peu plus tôt dans la soirée, la chaîne de télévision NBC News révélait qu'un Américain avait été tué, que deux s'étaient échappés sains et saufs et que le sort de deux autres Américains était inconnu. Des sources au sein du groupe islamiste, citées par l'Agence mauritanienne Nouakchott d'Information (ANI), avaient annoncé jeudi que deux Américains étaient entre les mains des ravisseurs.

France: Le ministère des Affaires étrangères a annoncé vendredi soir la mort d'un Français, ancien militaire des forces spéciales et gérant de restaurant dans le sud-ouest de la France. Trois autres concitoyens, présents sur le site, ont eu la vie sauve. Le ministère de la Défense a affirmé samedi matin qu'il n'y avait plus de Français otage en Algérie, précisant qu'ils avaient été libérés.

Algérie: Un Algérien est mort mercredi dans l'attaque du commando islamiste juste avant la prise d'otages et 685 employés algériens ont été libérés lors de l'intervention de l'armée, selon Alger.

Roumanie: Un Roumain a été tué et un autre blessé dans la prise d'otages, a annoncé samedi Bucarest qui avait indiqué auparavant que trois autres de ses ressortissants avaient été libérés.

Japon: Le sort d'au moins dix ressortissants japonais reste inconnu, alors que 17 salariés nippons étaient sur place lors de l'attaque.

Belgique: Un porte-parole des assaillants a affirmé jeudi que trois Belges avaient survécu à un raid de l'aviation algérienne et se trouvaient sur le site.

Norvège: Cinq ressortissants norvégiens sont portés manquants, selon le groupe pétrolier Statoil qui gère le site d'In Amenas avec BP et l'Algérien Sonatrach. Dix-sept membres du personnel étaient présents au moment de la prise d'otages.

Philippines: Trente-quatre Philippins, dont un blessé, ont été évacués jeudi par leur employeur, un autre a pu s'échapper avant l'intervention des forces algériennes. Manille a refusé de confirmer les informations de presse faisant état de deux morts.

Malaisie: Les autorités ont annoncé samedi qu'elles n'avaient aucune nouvelle de deux de leurs ressortissants alors que trois Malaisiens sont désormais en sécurité.

Les objectifs du commando islamiste

D'après les sources djihadistes citées par ANI, le commando était dirigé par Abdelrahmane, dit "le Nigérien", qui détenait les sept étrangers, et était composé d'une quarantaine de personnes originaires d'Algérie, d'Egypte, du Niger, du Tchad, de la Mauritanie, du Mali et du Canada qui se seraient infiltrés en Algérie depuis le Niger.

Selon ces sources, Belmokhtar proposait "à la France et à l'Algérie de négocier pour l'arrêt de la guerre livrée par la France" au Mali.

Il voulait aussi "échanger les otages américains détenus par son groupe" contre un Egyptien, Omar Abdel-Rahman, et une Pakistanaise, Aafia Siddiqui, emprisonnés aux Etats-Unis pour des accusations liées au terrorisme, une exigence rejetée par Washington.

L'assaut algérien a permis d'éviter "un désastre"

Face aux critiques étrangères sur la façon dont a été mené l'assaut algérien, une source gouvernementale a estimé que l'opération, menée dans des conditions "extrêmement complexes", avait évité un "véritable désastre", faisant état d'un groupe doté d'un arsenal de guerre constitué de missiles, lance-roquettes, grenades, fusils-mitrailleurs et fusils d'assaut.

"Toute hésitation est interdite lorsque l'avenir de la nation est en jeu ou menacé", a dit un ancien officier de l'armée Mohamed Khlefaoui au quotidien El Watan.

Les Etats-Unis et le Japon, dont des ressortissants figuraient parmi les otages, avaient lancé auparavant un avertissement à l'Algérie pour qu'elle préserve la vie des captifs, alors que le Conseil de sécurité de l'ONU condamnait "dans les termes les plus vifs l'attaque terroriste".

François Hollande soutient l'action de l'Algérie

Le président François Hollande a estimé samedi que l'Algérie avait eu "les réponses" les "plus adaptées" lors de la prise d'otages sur le site gazier d'In Amenas, car "il ne pouvait y avoir de négociation" avec les ravisseurs.

Le chef de l'Etat s'exprimait à la préfecture de Corrèze, où il devait rencontrer une délégation du 126e régiment d'infanterie de Brive-La-Gaillarde, dont des hommes sont en partance pour le Mali.