Mohamed Morsi a appelé les Egyptiens à "rejeter la violence dans les paroles et dans les actes" et a promis que les responsables de ces heurts meurtriers seraient "traduits en justice", dans des messages postés dans la nuit sur ses comptes Twitter et Facebook alors que le bilan des affrontements s'est alourdi (lire encadré).
Ces violences ont eu lieu à l'occasion des manifestations pour le deuxième anniversaire du début du soulèvement populaire, le 25 janvier 2011, qui a abouti à la chute de Hosni Moubarak (lire Au moins cinq morts et plus de 370 blessés en Egypte).
La journée de samedi s'annonce également à hauts risques avec le verdict attendu dans le procès d'un drame du football - plus de 70 morts l'an dernier à Port-Saïd - qui soulève des passions (lire ci-contre). Plus de vingt accusés ont été condamnés à mort samedi matin (lire Egypte: une vingtaine d'accusés du drame de Port-Saïd condamnés à mort).
Ce regain de tension dans la crise opposant le président islamiste Mohamed Morsi, qui se prévaut d'avoir été démocratiquement élu en juin dernier, et l'opposition, qui l'accuse de dérive autoritaire, est aggravé par les lourdes difficultés économiques que traverse le pays.
Retour sur la journée de vendredi
Des accrochages sporadiques entre groupes de jeunes et forces de l'ordre ont eu lieu toute la journée aux abords de la place Tahrir où des milliers de personnes se sont massées. Une énorme pancarte était déployée sur la place avec l'inscription "Le peuple veut faire tomber le régime", tandis que la foule scandait "dégage, dégage!" à l'encontre de Mohamed Morsi, comme pour Hosni Moubarak il y a deux ans.
Le climat s'est fortement envenimé depuis fin novembre, date à laquelle Mohamed Morsi s'est doté provisoirement de pouvoirs exceptionnels, puis a poussé les feux pour faire passer une Constitution rédigée par une commission à dominante islamiste. Le texte, adopté par référendum en décembre, continue d'être vivement critiqué par l'opposition qui estime qu'il ouvre la voie à une islamisation accrue de l'Egypte et porte atteinte à certaines libertés.
Les Frères musulmans, dont est issu Mohamed Morsi, n'avaient pas officiellement appelé à manifester vendredi, préférant commémorer le "Jour de la Révolution" par des initiatives sociales et caritatives.
afp/hof
Un procès sous haute tension
L'Egypte se préparait samedi à une journée à haut risque avec le verdict dans le procès du drame de Port-Saïd, l'un des pires de l'histoire du football, dans un climat tendu alourdi par les menaces de supporteurs d'instaurer le "chaos" si justice n'est pas rendue aux victimes.
En février 2012, 74 personnes étaient mortes à Port-Saïd après un match entre le grand club cairote d'Al-Ahly et une équipe locale, Al-Masry.
Plus de 70 personnes ont été inculpées pour les violences. Elles récusent toutes les charges de meurtre avec préméditation et de port d'armes prohibé pesant sur elles.
Les "Ultras" d'Al-Ahly, des supporteurs fervents et organisés qui revendiquent la grande majorité des victimes, ont prévu de manifester dans la journée de samedi. Ils ont menacé les autorités de "chaos" si le verdict n'est pas assez sévère.
Mercredi, des centaines d'entre eux avaient mené une série d'actions symboliques au Caire, encerclant la Bourse du Caire puis bloquant une station de métro ainsi qu'un axe central de la capitale.
Les "Ultras" sont réputés pour leur soutien actif à la révolte populaire qui a provoqué début 2011 la chute de Hosni Moubarak et pour leur participation aux manifestations contre le pouvoir militaire de transition qui ont suivi.
Sur les quelque 70 personnes inculpées, plus de vingt accusés ont été condamnés à mort samedi pour les violences du stade de Port-Saïd.
Le bilan des affrontements s'alourdit
Le bilan des affrontements entre manifestants hostiles au pouvoir islamiste et forces de l'ordre en Egypte alors que le pays marquait le deuxième anniversaire du début du soulèvement - le "Jour de la Révolution" - s'est alourdi.
Au total, sept personnes sont mortes - six à Suez et une à Ismaïliya -. Plus de 450 personnes ont de plus été blessées au total dans douze gouvernorats, selon le ministère de la Santé, qui n'a pas donné de décompte entre manifestants et policiers.