Fruit d'une rare collaboration entre démocrates et républicains, huit sénateurs ont dévoilé lundi un projet de réforme de l'immigration aux Etats-Unis, l'un des grands chantiers de l'année à la fois pour le président Barack Obama et pour le Congrès.
Les contenus de réforme avancés par le président et le groupe de sénateurs diffèrent sur le ton et les détails, mais les deux conduiraient à la régularisation de millions d'immigrés.
L'électorat hispanique en ligne de mire
Leur texte, transmis lundi à l'AFP, prévoit de "créer une voie stricte mais équitable vers la naturalisation des immigrés sans-papiers qui vivent aujourd'hui aux Etats-Unis", l'ouverture de cette voie dépendant toutefois de la sécurisation des frontières et d'autres mesures de contrôles des flux migratoires.
L'initiative illustre la course lancée depuis les élections de novembre, lors desquelles les républicains semblent avoir pris conscience de leur retard au sein de l'électorat hispanique. Depuis, le tabou de l'"amnistie" a été brisé dans le parti: de nombreux ténors ont affirmé qu'il était temps de reconnaître que la dizaine de millions de sans-papiers remplissaient un rôle économique important dans le pays, et qu'il était illusoire de continuer à prêcher pour leur expulsion.
Soutien de John McCain
La publication du document par les sénateurs, qui incluent l'étoile montante des républicains, Marco Rubio, d'origine cubaine, intervient à la veille d'un déplacement de Barack Obama consacré à l'immigration, mardi dans le Nevada (ouest). Le dernier grand projet de réforme avait échoué fin 2010, quand le Sénat avait rejeté de peu un texte voté par la Chambre des représentants, contrôlée alors par les démocrates.
Aujourd'hui les républicains contrôlent la Chambre, mais sont plus favorables à une réforme. "Nous perdons de façon spectaculaire le vote hispanique, dont je pense, pour diverses raisons, qu'il devrait nous être acquis, et il faut que l'on comprenne pourquoi", a justifié John McCain dimanche sur la chaîne ABC.
afp/vtom
Le projet des sénateurs en détail
Les sénateurs veulent faire payer une amende aux sans-papiers et recueillir leurs empreintes digitales. Pour être régularisés, il leur faudra n'avoir commis aucun délit grave, et il devront apprendre l'anglais et prouver qu'ils ont travaillé.
Après un certain délai, ils pourraient obtenir une "carte verte", un permis de séjour et de travail permanent. Les détenteurs de "carte verte" peuvent généralement être naturalisés au bout de cinq ans.
Les étudiants étrangers qui obtiendraient un master ou un doctorat en mathématiques, ingénierie, sciences ou technologie dans une université américaine recevraient automatiquement une "carte verte" après leurs diplômes.
Les quotas actuels seraient modulables pour permettre à plus de main d'oeuvre non qualifiée de venir travailler aux Etats-Unis, avant tout dans le domaine agricole.