Les violences se poursuivaient en Egypte, faisant un mort de plus lundi au Caire et un autre à Port-Saïd, au lendemain de l'imposition de l'état d'urgence à Ismaïlia, Suez et Port-Saïd, d'où sont partis les troubles jeudi. L'opposition a en outre rejeté le dialogue convoqué par le président Mohamed Morsi et appelé à manifester vendredi.
Un passant âgé de 46 ans a été tué par balles près de la place Tahrir, épicentre de la révolution de 2011, où des opposants au président Morsi campent depuis plusieurs jours. Des manifestants ont jeté des pierres contre la police qui a répliqué par des grenades lacrymogènes.
Un jeune homme a aussi été tué par balle lundi soir lors d'affrontements devant un poste de police à Port-Saïd, dans le nord-est de l'Egypte, a-t-on appris de source médicale.
Couvre-feu bravé par les manifestants
En soirée, des centaines de manifestants ont bravé le couvre-feu décrété par le président dans les trois villes du canal de Suez. A Ismaïlia, la foule scandait "A bas Mohamed Morsi, à bas l'état d'urgence !". Le Front de salut national (FSN), qui réunit les principales composantes de l'opposition, a de son côté demandé à Mohamed Morsi d'assumer la responsabilité des violences qui ont fait 50 morts depuis jeudi.
Le FSN a refusé de se rendre à un "dialogue national" convoqué par le chef de l'Etat. Dans un discours offensif dimanche soir, M. Morsi avait décrété l'état d'urgence dans les provinces de Port-Saïd, Suez et Ismaïliya et avait appelé les représentants des forces politiques, de l'opposition comme de partis islamistes le soutenant, à un dialogue à 18h00 locales (17h00 en Suisse) au palais présidentiel au Caire.
Rejet de l'appel au dialogue présidentiel
"Nous ne participerons pas à un dialogue vide de sens", a annoncé lors d'une conférence de presse Mohamed ElBaradei, figure de proue du FSN, qui regroupe plusieurs mouvements et partis en majorité de gauche et libéraux.
L'état d'urgence est entré en vigueur lundi dans trois provinces d'Egypte secouées par des violences meurtrières, les pires depuis l'élection du président Mohamed Morsi qui a appelé à un dialogue avec l'opposition en fin de journée pour tenter de désamorcer la crise.
La principale coalition de l'opposition égyptienne a rejeté en début d'après-midi cet appel du président islamiste au dialogue, le qualifiant de "vide de sens" et "de façade".
agences/vtom/olhor
Amnesty condamne la répression
Amnesty international a condamné lundi la répression "meurtrière" des manifestations en Egypte, où près de 50 personnes sont mortes dans de violents affrontements avec les forces de sécurité qui se poursuivaient pour la cinquième journée consécutive.
L'organisation, qui a recueilli plusieurs témoignages, notamment à Suez, fait état "de l'usage par les services de sécurité d'une force létale même quand cela ne s'imposait pas (...) y compris contre des manifestants qui ne représentaient pas de menace imminente"
L'armée à la rescousse
Par ailleurs, les autorités égyptiennes ont émis lundi un décret qui permet à l'armée d'arrêter des civils et lui demande d'aider la police à maintenir l'ordre. Le projet de loi doit encore être ratifié par le Sénat, dominé par les islamistes partisans du président Mohamed Morsi.
Le décret s'appliquerait jusqu'à la fin des élections législatives prévues dans les prochains mois et "chaque fois que le président de la République le demandera". De source proche du gouvernement, on précise que l'armée se comportera "comme une force de police".
Cela signifie que les personnes arrêtées seraient traduites devant un tribunal civil et non militaire. On ignore si la mesure s'appliquera à toute l'Egypte ou seulement à Port-Saïd, Suez et Ismaïlia, les trois villes le long du canal de Suez où l'état d'urgence a été décrété pour trente jours.