L'armée française s'est emparé mercredi de Kidal, dernière grande ville du nord du Mali sous contrôle des islamistes. Cette nouvelle avancée, qui intervient après la prise de Gao et Tombouctou, pourrait ouvrir la voie à des négociations avec des tribus touareg disposées à collaborer.
L'armée française était toutefois bloquée en fin d'après-midi à l'aéroport de Kidal par une tempête de sable, a annoncé le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian.
Islamistes reclus dans les montagnes
Selon une source de sécurité malienne, les principaux responsables des groupes islamistes se sont réfugiés dans le massif des Ifoghas, montagnes au nord de Kidal. Ils se trouvent près de la frontière algérienne. Kidal était le fief d'Ansar Dine, dirigé par Iyad Ag Ghaly, groupe islamKidal n'est pas sous le contrôle d'al-Qaïda
La ville de Kidal est sous le contrôle des islamistes dissidents du Mouvement islamique de l'Azawad (MIA) et des autonomistes touareg du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA).
Kidal et sa région, le massif des Ifoghas, sont le berceau des autonomistes touareg, en rébellion contre le régime de Bamako. Les tensions sont très fortes dans le Nord entre les minorités arabes et touareg, dont les membres sont très largement majoritaires dans les groupes islamistes armés, et les Noirs, majoritaires au Mali.
Tribus prêtes à négocier
Le MIA a assuré rejeter le terrorisme et prôner une "solution pacifique" à la crise. "Les Français ont rencontré des membres du MNLA et aussi le secrétaire général du MIA, Algabass Ag Intalla, ainsi que des notables locaux", a affirmé un membre de l'administration locale.
Mais les deux groupes ont aussi affirmé leur hostilité à la présence de soldats maliens. Ils craignent des exactions contre les communautés arabe et touareg.
agences/moha
Dialogue en vue?
La France a appelé mercredi Bamako au dialogue avec les populations du Nord du Mali.
Le Burkina Faso, médiateur dans la crise malienne au nom de l'Afrique de l'Ouest, a réaffirmé mercredi sa "disponibilité" pour un dialogue politique au Mali, assurant que "l'usage légitime de la force n'exclut pas la recherche d'une solution politique négociée".
De son côté, le président malien par intérim Dioncounda Traoré a prévenu jeudi sur RFI que le seul interlocuteur touareg pour Bamako dans les négociations politiques à venir serait les rebelles laïcs du MNLA, les islamistes d'Ansar Dine s'étant "disqualifiés".
Casques bleus en suspens
Le Conseil de sécurité de l'ONU débattra sous peu du déploiement d'une force de maintien de la paix au Mali, selon des sources diplomates.
Il devrait se saisir de la question dans quelques jours avec l'idée d'y intégrer les forces africaines actuellement déployées au Mali.
Les soldats français partiront "rapidement"
Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a affirmé au journal Le Parisien que les forces françaises quitteraient "rapidement" le Mali.
"Libérer Gao et Tombouctou très rapidement faisait partie du plan", a expliqué le ministre. "Maintenant, c'est aux pays africains de prendre le relais. Nous avons décidé de mettre les moyens en hommes et en matériel pour réussir cette mission et frapper fort. Mais le dispositif français n'a pas vocation à être maintenu."
Sur le terrain, 3500 soldats français et 1400 soldats ouest-africains, ainsi qu'un contingent tchadien, sont déployés aux côtés de l'armée malienne. Au total, 8000 soldats africains sont attendus mais leur déploiement est ralenti par des problèmes de financement et de logistique.
Les avions français peuvent survoler la Suisse
Les avions de pays qui sont engagés dans l'intervention militaire au Mali pourront survoler la Suisse. Le Conseil fédéral a donné son feu vert mercredi.
L'autorisation s'étend également aux appareils transportant des munitions et des armes. Cette décisions est compatible avec la neutralité helvétique, relève le gouvernement.
La France est en effet intervenue au Mali à la demande du gouvernement malien et en accord avec une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU.
La dernière autorisation de survol de la Suisse remonte à 2011, lors de l'intervention des forces de l'ONU en Libye.