Le journal ibérique "El País" a publié ce jeudi des photos de comptes manuscrits prétendûment établis par les trésoriers du Parti populaire (PP, droite au pouvoir) entre 1990 et 2008.
Sur le tableau figurent pour la première fois en tant que bénéficiaires de "supposés paiements" certains des principaux responsables du parti: Mariano Rajoy lui-même, mais aussi Dolores de Cospedal ou Rodrigo Rato, l'ex-président de Bankia - banque renflouée à coup de millions par l'Etat - et ancien directeur général du FMI de 2004 à 2007.
25'200 euros par an pour Rajoy
"Parmi les bénéficiaires de ces fonds, selon la comptabilité de l'ancien trésorier du PP Luis Bárcenas, figure depuis 1997 Mariano Rajoy, président du gouvernement et du parti, avec toujours les mêmes sommes recensées (en paiements trimestriels ou semestriels) pour un total de 25'200 euros par an", écrit ainsi le journal.
Selon El País, les comptes des différents trésoriers font apparaître "une ligne de revenus" correspondant à "des dons faits par des chefs d'entreprise, la majorité provenant du secteur du BTP, et trois d'entre eux mis en cause dans l'affaire Gurtel", une vaste affaire de corruption qui empoisonne le PP depuis 2009.
Démenti du PP
Ces révélations ont suscité un démenti immédiat du Parti populaire. La comptabilité du parti est "claire, unique, transparente et propre, et régulièrement vérifiée par la Cour des Comptes", a réagi Maria Dolores de Cospedal, numéro deux du PP, démentant "fermement" le contenu des documents.
"Face aux informations publiées aujourd'hui par le journal El País, le Parti populaire insiste sur le fait que les rémunérations des dirigeants et du personnel du parti ont toujours été versées conformément à la légalité et dans le respect de ses devoirs envers les impôts", a également assuré jeudi le PP dans un communiqué.
Malgré cela, le juge Pablo Ruz, qui instruit le dossier pour la Cour suprême, envisage désormais de demander au parquet d'enquêter sur ces nouvelles allégations, ont rapporté à Reuters des sources proches de la magistrature.
mre avec les agences
Des millions en Suisse
La presse espagnole a révélé plus tôt en janvier que Luis Bárcenas, l'ancien trésorier du PP, avait eu un compte en banque en Suisse dont les fonds auraient atteint 22 millions d'euros.
Appels à manifester
Les révélations de "El País" ont indigné les internautes espagnols qui appellent spontanément à manifester devant les sièges du Parti populaire, à Madrid comme dans les villes de provinces.
Sur Twitter, la quasi-totalité des "trending topics" espagnols ("sujets tendance") concernait le scandale des financements occultes.
Ainsi, le nom de l'ex-trésorier du PP était souvent cité: #lospapelesdebárcenas, #pelisconbárcenas, #PapelesDeBárcenas.
"Génova", du nom de la rue où est situé l'immeuble du PP à Madrid faisait également parti des mots les plus utilisés sur les réseaux sociaux. D'ailleurs, des photos partagées sur Twitter montrait une forte concentration policière aux alentours du siège du parti.