"Je n'ai jamais reçu d'argent au noir", a déclaré samedi Mariano Rajoy devant la direction du Parti populaire (PP), de droite, dont il est le président. "Mes déclarations de revenus et de patrimoine seront mises en ligne à la disposition de tous les citoyens dès la semaine prochaine", a-t-il ajouté, promettant "d'exercer dans cette affaire la plus grande transparence".
Tous les versements dont a bénéficié le PP, a-t-il poursuivi, ont été portés dans les comptes comme le prévoit la loi. Il a assuré aussi qu'il n'avait pas décidé de faire de la politique son métier "pour gagner de l'argent". "J'ai perdu de l'argent, mais il se trouve que pour moi l'argent n'est pas le plus important", a-t-il dit.
Pas de démission
"Si certains imaginent que face au harcèlement je vais me faire tout petit ou abandonner la tâche que les Espagnols m'ont confiée, je tiens à leur dire qu'ils se trompent", a en outre déclaré Mariano Rajoy.
Le nom de Mariano Rajoy, président du PP depuis 2004 et chef du gouvernement depuis 2011, est apparu jeudi, cité par le quotidien "El País", parmi les bénéficiaires présumés de salaires occultes qui auraient été versés pendant des années à plusieurs dirigeants du parti. (Lire: Un scandale de financement occulte se rapproche du 1er ministre espagnol)
Ce nouveau scandale, basé sur des documents comptables présumés de deux anciens trésoriers du PP, a soulevé une vague d'indignation dans le pays miné par la crise économique et le chômage.
agences/mre
Pas de conférence de presse
Les journalistes espagnols avaient été invités à se rendre au siège du Parti populaire pour écouter la prise de position du Premier ministre.
Aucune question n'a pu être posée, Mariano Rajoy ayant décidé pour le moment de ne pas s'expliquer directement devant la presse.
L'intervention devant les cadres du PP a donc été diffusée sur un écran.
Salaires occultes et compte en Suisse
L'affaire "Bárcenas", du nom d'un ancien trésorier du PP, avait été révélée il y a une dizaine de jours par le journal "El Mundo", selon lequel des responsables du parti ont reçu pendant des années jusqu'à 15'000 euros mensuels de "compléments de salaire".
Selon la presse, les versements consistaient surtout en commissions remises par des sociétés de construction, dont certaines ont bénéficié de contrats publics et d'autres ont été employées à titre privé par le PP, à l'époque de l'essor du marché immobilier espagnol dans les années 2000.
L'enquête a permis d'établir qu'il a détenu un compte en Suisse doté à un moment de 22 millions d'euros.
Manifestations devant le siège du Parti populaire
"Démission", "Ca suffit", "Honte sur l'Espagne", pouvait-on lire samedi sur les pancartes agitées par les manifestants rassemblés aux abords du siège du Parti populaire (PP) à Madrid.
Depuis jeudi, des centaines de personnes s'y relaient, agitant des enveloppes symbolisant des paiements secrets, avant d'embrayer sur des petits défilés dans les rues du centre de la capitale.