Le Premier ministre tunisien Hamadi Jebali a assuré samedi que les ministères aux mains de son parti islamiste Ennahda seront remplacés par des indépendants dans le gouvernement apolitique qu'il veut former contre l'avis de son propre camp.
"Tous les ministres seront des indépendants, y compris à l'Intérieur, la Justice et aux Affaires étrangères", a déclaré Hamadi Jebali à la chaîne d'informations France 24 qui l'interrogeait sur l'avenir de ces ministères clés auxquels le parti Ennahda refuse de renoncer.
Il a répété être prêt à démissionner s'il ne parvenait pas à avoir un soutien large de la classe politique à son futur gouvernement.
Crise avec Ennahda
Le chef du gouvernement est entré en conflit ouvert avec la direction de son mouvement en annonçant mercredi vouloir former un gouvernement apolitique, alors que les violences en Tunisie se multipliaient après l'assassinat mercredi de Chokri Belaïd, un opposant virulent aux islamistes d'Ennahda
S'il est en conflit avec ses troupes, sa proposition a en revanche été bien accueillie par l'opposition et la société civile.
Manifestation pro-gouvernementale
Cette annonce est survenue alors que plus de 3000 manifestants scandaient samedi des slogans pro-islamistes et anti-français dans le centre de Tunis lors d'un rassemblement à l'appel du parti islamiste au pouvoir Ennahda pour désavouer Hamadi Jebali, numéro deux du parti,
"France dégage" et "Le peuple veut protéger la légitimité" du pouvoir en place, criaient ces militants qui défilent sur l'avenue Habib Bourguiba, axe névralgique du centre de la capitale où se trouve aussi l'ambassade de France.
Cette mobilisation islamiste est la première depuis le meurtre mercredi à Tunis de Chokri Belaïd, qui a été enterré la veille en présence de plusieurs dizaines de milliers de personnes scandant des slogans hostiles à Ennahda.
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afp/ptur
Impasse politique
La Tunisie est dirigée depuis l'élection de la Constituante en octobre 2011 par une coalition entre Ennahda et deux petits partis de centre-gauche, dont celui du président Moncef Marzouki.
Les trois alliés entretiennent des rapports très difficiles et ne sont pas parvenu, après des mois de concertations, à un compromis sur une nouvelle équipe gouvernementale ni sur le contenu de la Constitution dont la rédaction est dans l'impasse.