Modifié

Le plus grand barrage de Syrie pris par des rebelles islamistes

Statueassad [AFP PHOTO/YOUTUBE]
Une capture d'écran extraite d'une vidéo diffusée sur internet par des rebelles syriens, montrant une statue en feu de Bachar al-Assad dans la province de Raqqa - [AFP PHOTO/YOUTUBE]
Des rebelles syriens se sont emparés du plus grand barrage du pays, construit sur le cours de l'Euphrate dans la province de Raqqa.

Des rebelles islamistes ont pris lundi le contrôle du barrage de l'Euphrate, la plus grande digue en Syrie, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) assurant qu'il s'agissait de "la plus grande perte économique pour le régime depuis le début de la révolte".

"Ils ont pris le contrôle du barrage, qui fonctionne toujours", a précisé Rami Abdel Rahmane, président de l'OSDH, sans être en mesure de donner dans l'immédiat le nombre de rebelles ayant participé à l'opération.

Il a toutefois précisé que ce sont des rebelles islamistes, notamment ceux du Front djihadiste Al-Nosra, qui ont mené l'opération.

Au départ inconnu, le Front Al-Nosra, classé par Washington comme "organisation terroriste", a connu une ascension fulgurante en raison de ses succès sur le terrain face aux troupes du régime de Bachar al-Assad, prenant de vitesse les autres groupes dissidents.

Lourde perte économique

Une vidéo diffusée par des militants montre une salle présentée comme celle des machines, où apparaît un portrait de président Bachar al-Assad. "Le barrage fonctionne normalement après avoir été libéré des bandes d'Assad", affirme la personne qui filme la salle. Une autre vidéo montre des images du barrage avec une vue sur le "lac artificiel al-Assad" filmées en haut du bâtiment.

Selon Rami Abdel Rahmane, il s'agit "de la plus grande perte économique pour le régime depuis le début de la révolte".

Selon lui, le barrage et la ville qui l'abrite, Tabqa, "sont tombés en 24 heures, sans résistance" de la part des troupes régulières.

Situé dans la province de Raqqa, le barrage a été construit sur l'Euphrate, fleuve long de 2.800 km qui prend sa source en Turquie et traverse la Syrie et l'Irak.

Le barrage, qui permet d'irriguer des milliers d'hectares, a généré le "lac artificiel al-Assad" et a été créé dans les années 60. Il a été inauguré sous le mandat du président Hafez al-Assad, père de l'actuel chef de l'Etat Bachar al-Assad, dont le régime est engagé dans un conflit avec les rebelles qui a fait selon l'ONU plus de 60'000 morts en près de deux ans.

afp/pym

Publié Modifié

Attentats en série lundi

Au moins dix personnes sont mortes et une trentaine ont été blessées lundi dans l'explosion d'une voiture piégée à la frontière entre la Turquie et la Syrie, a annoncé le maire de la localité turque de Reyhanli, qui a précisé que l'explosion avait été provoquée par un véhicule portant une plaque d'immatriculation syrienne.

Par ailleurs, au moins 14 membres des services syriens du renseignement ont été tués lundi dans un double attentat suicide perpétré dans la ville de Chaddadé par deux membres du Front jihadiste Al-Nosra, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.

Tensions entre djihadistes et villageois

Accueillis à bras ouverts dans la Syrie rebelle, les djihadistes du Front al-Nosra se sont accrochés à plusieurs reprises avec des villageois, non pour des raisons politiques, mais lors de banales querelles liées à leur interprétation extrémiste de l'islam.

Dans le village de Qah, des combattants d'al-Nosra sont intervenus pour arrêter un homme ayant prononcé des jurons après un banal accident de voiture, et le traduire devant un tribunal islamique.

Par malchance, l'homme interpellé était le frère d'un respecté leader local, rebelle de la première heure. Celui-ci a immédiatement mobilisé des dizaines d'hommes en armes et a réussi à kidnapper à son tour un chef local de l'organisation islamiste.

Ces frictions se cristallisent non pas autour de questions politiques, mais sur des banalités du quotidien: un menton glabre, une cigarette allumée sous le nez d'un combattant d'al-Nosra ou toute autre attitude qu'ils jugent "anti-islamique".

Jusqu'à présent, le Front avait toujours affiché son souci de s'attirer la sympathie des populations, par la discipline de ses combattants, ou encore les activités (très modestes) de sa branche "humanitaire" Qism al-Ighata.