L'explosion de la plateforme Deepwater Horizon le 20 avril 2010 au large de la Louisiane fait 11 morts et 17 blessés.
Le gouvernement américain estime que 4,9 millions de barils se sont échappés, soit l'équivalent de 40 Erika, de 20 Exxon Valdez ou de 3,5 Amoco Cadiz, selon le Cedre (Centre français de recherche sur les pollutions des eaux).
Aujourd'hui, entre 20 et 50% de ce brut subsisterait dans le golf du Mexique.
Jusqu'à 8000 m3 de brut par jour
La quantité de pétrole brut qui s'échappe du riser est chiffrée à 160m3 le 22 avril. Mais cette estimation va sans cesse être revue à la hausse, pour atteindre, fin juin, 6000 m3, voire 8000 m3.
La superficie de la Sardaigne
D’une largeur de 3000 km2 le jour de l’explosion, la nappe de brut dépassait début juin les 24'000 km2, soit la superficie de la Sardaigne. Fin mai, du pétrole est récupéré dans les Keys, 3e barrière de corail au monde.
Pêche interdite dans 33% des eaux
Début mai, la zone interdite à la pêche représente 4,5% des eaux américaines. Ce taux atteindra 33 % le 7 juin. Le 22 juillet, il redescend à 24% avant d'atteindre 0,4% (2700km2) le 15 novembre. A ce jour, seule la zone où la plateforme a explosée reste fermée (environ 2700m2).
LA LUTTE POUR FREINER LA POLLUTION
Jusqu'à 7000 navires pour la récupération du brut
Le nombre de moyens d'intervention mobilisés sur les eaux passe de 1000 en mai à presque 7000 fin juin. Il s'agit principalement de milliers de navires et de centaines de barges. BP a engagé les pêcheurs en perte d’activité.
Jusqu'à 7000 m3 de dispersant
La dispersion s'effectue ici principalement par avion et à proximité des remontées de pétrole en surface. Début juillet 2010, le volume de dispersant épandu en surface dépasse les 4000 m3. A la mi-juillet, il atteint 7000 m3.
Plus de 400 opérations de brûlage
Le brut est brûlé in situ, mais le vent freine les opérations. Fin juillet, 411 opérations de brûlage ont permis de disperser dans l'atmosphère plus de 42'000 m3 d'hydrocarbure.
Plus de 3000 km de barrages
D'une longueur totale de 500km à la mi-mai, l'installation de barrages atteint son paroxysme fin juillet, en dépassant les 3000km. Il s'agit de barrages de confinement et de barrages absorbants.
Six îles artificielles créées
Construites au large de la Louisiane sur une longueur totale de 72 km, six îles artificielles temporaires doivent empêcher le pétrole d'atteindre les côtes. Le coût de cette opération s'élève à 360 millions de dollars, au frais de BP.
Jusqu'à 45'000 ramasseurs
A la mi-mai, 20'000 personnes sont mobilisées pour ramasser à la main ou mécaniquement plaques et boulettes de polluants sur le littoral. Le record est atteint le 6 juillet 2010, avec 45’000 nettoyeurs. Des milliers de guides sont distribués en anglais, en espagnol et en vietnamien.
Des milliers d'oeufs sauvés à la main
A la fin juin, un plan de sauvetage des tortues est lancé. Des dizaines de milliers d’œufs de tortues en voie de disparition (tortues Couanne, de Kemp, Luth et verte) sont amenées sur la côte du centre-est de la Floride. Fin août 2010, 15’000 tortues avaient pu rejoindre la mer.
LE BILAN ECOLOGIQUE
Plus de 6000 oiseaux morts
Entre le début de la marée noire le 10 avril et le 2 novembre 2010, l'impact sur la faune du golfe est le suivant:
Oiseaux: 8183 corps récupérés, dont 6104 morts.
Tortues: 1144, dont 609 mortes.
Mammifères: 109, dont 100 morts.
Reptiles: 2 dont 1 mort.
Une petite partie des animaux vivants ont été remis en liberté.
23'500 échantillons
Mi-septembre 2010, environ 3200 km de côtes ont été étudiées et 23'500 échantillons ont été prélevés pour l'évaluation de la pollution.
Lancée en novembre 2010, l'évaluation du dommage devrait durer plusieurs années. Pas moins de 15'419 espèces (végétaux, animaux et microbes) avaient été recensées dans le golfe du Mexique avant la marée noire.
Caroline Briner
Les coûts pour BP
Milliards déjà dépensés:
4,5 milliards de dollars: somme versée aux autorités américaines en novembre pour mettre fin aux poursuites pénales fédérales,
7,8 milliards de dollars: indemnisation de dizaines de milliers de plaignants affectés par la catastrophe,
6 milliards de dollars: indemnisation à quelque 220'000 plaignants qui avaient opté pour la procédure d'urgence.
13,6 milliards de dollars: travaux de nettoyage
Autres dépenses possibles:
16 milliards de dollars: somme qu'attendent les autorités américaines pour mettre fin aux poursuites civiles
21 milliards de dollars: amende maximale que risque BP dans le procès au civil
5,39 milliards: amende minimale que risque BP dans le procès au civil
42 milliards de dollars: le montant total des provisions passées par BP pour régler la catastrophe
La plateforme pour BP:
Deepwater Horizon se trouve à 80km des côtes de la Louisiane, sur le gisement de Macondo.
Construite en 2001 en Corée du Sud, la plateforme appartient à Transocean, qui la loue à BP notamment.
Cinq mois pour colmater la fuite
Le 20 avril 2010, la plateforme Deepwater Horizon, située à 80 kilomètres au large de La Nouvelle-Orléans, explose avant de prendre feu. Aucune fuite n'est détectée.
Deux jours après l'explosion, la plateforme coule, pour reposer par 1500m de fond. Les quelque 2000 m3 d'hydrocarbures présents à bord sont partis en mer ou en fumée. Une fuite est détectée dans le puits.
Pendant plusieurs jours, quatre robots sous-marins tentent de fermer le bloc obturateur du puits qui aurait dû se déclencher après l'explosion. La Louisiane, l’Alabama, la Floride et le Mississippi décrètent l’état d’urgence. Le gouvernement fédéral déclare la "catastrophe nationale" le 29 avril.
Début mai, BP tente de pomper le polluant vers la surface avec la pose d'une chambre de confinement sur la fuite située à 1500 m de profondeur. En vain. Mai, juin, juillet, diverses méthodes se succèdent. De son côté, l'Etat met sur pied une commission d’enquête indépendante et instaure (mi-juillet) un moratoire de 6 mois interdisant le forage en eaux profondes.
En août, des puits de secours sont forés. Le 17 septembre, un puits de secours intercepte le puits à l'origine de la pollution. Deux jours plus tard, le puits accidenté est définitivement colmaté après injection de ciment.
Le 11 janvier 2011, la commission nationale chargée d'enquêter sur les causes de l'explosion met en cause à la fois les décisions prises par BP, Halliburton et Transocean ainsi que les pratiques des autorités américaines de contrôle des plateformes pétrolières.