Le président américain Barack Obama a averti que les coupes budgétaires "stupides" qui vont entrer en vigueur vendredi allaient coûter des emplois aux Etats-Unis et avoir un impact sur l'économie. Il a accusé ses adversaires républicains d'être responsables de cette situation.
"Je ne suis pas un dictateur. Je suis un président", a lancé Barack Obama dans la salle de presse de la Maison Blanche, quelques minutes après avoir rencontré les chefs de file du Congrès pour leur première réunion depuis le début de cette énième crise politico-budgétaire.
"Ce que je ne peux pas faire, c'est forcer le Congrès à prendre les bonnes décisions", a-t-il martelé.
La présidence démocrate sonne l'alarme depuis des jours sur les conséquences concrètes d'une amputation automatique, à compter du 1er mars, de 85 milliards de dollars sur les sept derniers mois de l'année budgétaire, soit 8% pour la défense et 5% pour les autres postes, en parlant de mises au chômage partiel de fonctionnaires et de dérèglements des services publics.
Depuis 2011, quand les conservateurs ont pris le contrôle d'une partie du pouvoir législatif, Barack Obama et ses adversaires se sont affrontés sur la façon de rééquilibrer les comptes publics sur fond d'une hausse vertigineuse de l'endettement de la première économie mondiale, actuellement à plus de 16'000 milliards de dollars.
Camps irréconciliables
Faute d'accord de fond, la Maison Blanche a proposé à la mi-2011 de mettre en place des coupes automatiques censées être suffisamment douloureuses pour inciter à négocier une solution.
Mais l'intransigeance de chaque camp a été plus forte. Les démocrates réclament une hausse des impôts pour les plus riches, alors que les républicains préfèrent réduire les dépenses et dédramatisent l'impact potentiel des réductions budgétaires, raillant l'"apocalypse" décrite par leurs adversaires.
La présidence démocrate sonne l'alarme depuis des jours sur les conséquences d'une amputation de 85 milliards de dollars sur les sept derniers mois de l'année budgétaire, soit 8% pour la défense et 5% pour les autres postes (voir encadré). Le délai court jusqu'à 23h59 vendredi soir (05h59 suisse samedi).
agences/cab
Les principales conséquences
+ DEFENSE: les 800'000 employés civils de la défense seraient mis au chômage partiel un jour par semaine, soit une baisse de salaire de 20% à partir de fin avril. La Marine réduira le nombre de jours en mer de ses navires de 30 à 35%.
+ EDUCATION: l'Etat fédéral supprimerait des subventions dont dépendent 10'000 emplois de professeurs dans le pays ainsi que 7200 professeurs spécialisés. Le programme de scolarisation Head Start, destinés aux enfants pauvres de moins de cinq ans, serait éliminé pour 70'000 enfants, provoquant la suppression de 14'000 autres postes.
+ AEROPORTS: l'attente moyenne à l'immigration des passagers arrivant aux Etats-Unis dans les grands aéroports augmenterait de 30 à 50%, et pourrait dépasser 4 heures aux heures de pointe dans les plus grands aéroports.
L'administration de la sécurité des transports serait en effet contrainte de mettre ses 50'000 employés au chômage partiel jusqu'à un jour par mois. Les contrôleurs aériens subiraient aussi du chômage partiel, provoquant la fermeture de plus de 200 petits aéroports, selon l'administration fédérale de l'aviation (FAA).
+ RECHERCHE: gel ou annulation de projets de recherche; des centaines de subventions en moins; retard des autorisations de mise sur le marché de médicaments.
+ PARCS NATIONAUX: un grand nombre des 398 parcs naturels nationaux seraient fermés partiellement ou totalement.
+ SECURITE: les agents de la police aux frontières réduiront leurs heures pour l'équivalent de 5000 temps pleins. Les services de l'immigration ont déjà relâché des étrangers en situation irrégulière qui avaient été arrêtés, en anticipation des coupes budgétaires. Le FBI perdrait l'équivalent de 1000 agents.
Autre crise en vue
Cette crise devrait bientôt s'additionner à une autre, encore plus lourde de menaces.
Le financement de l'Etat fédéral pour les derniers mois de l'exercice 2013 devra faire l'objet d'un vote au Congrès avant le 27 mars, faute de quoi des services publics fermeront purement et simplement.