Des coupes automatiques dans les dépenses de l'Etat fédéral, se montant à 85 milliards de dollars sur les sept prochains mois, sont entrées en vigueur vendredi à minuit (6h en Suisse) aux Etats-Unis. Elles concernent 8% du budget de la défense et 5% pour les autres postes (voir encadré).
En cause: une incapacité pour les démocrates et les républicains de trouver un accord au terme d'une ultime réunion à la Maison Blanche. Les conservateurs refusent davantage d'impôts, le parti du président exige plus de rentrées fiscales. (Lire: Les républicains responsables des coupes budgétaires, accuse B.Obama)
"A compter de cette semaine, de nombreuses familles de la classe moyenne verront leur vie perturbée de façon importante", a averti le président. Selon lui, ces mesures d'austérité ont de quoi menacer à terme la croissance de la première économie mondiale, mettre au chômage partiel des fonctionnaires et dérégler les services publics.
Une "vraie" menace se dessine
Le véritable problème touche le financement du gouvernement et se trouve après le 27 mars. Le gouvernement fédéral cessera purement et simplement d'être financé, fermetures de services publics à la clé, sauf si une loi budgétaire couvrant les six derniers mois de l'exercice 2013 est votée par le Congrès et promulguée par Barack Obama.
Le président républicain de la Chambre, John Boehner, a indiqué que son groupe déposerait la semaine prochaine un texte de financement. Barack Obama a laissé entendre qu'il le promulguerait s'il respecte les grandes lignes des comptes publics sur lesquelles les deux camps se sont mis d'accord à l'été 2011.
L'espoir à terme des républicains estime Richard Kogan, expert en affaires budgétaires, est que le public rejette la faute sur Obama pour avoir refusé un compromis.
La Maison Blanche a proposé de mettre en place des coupes automatiques censées être suffisamment douloureuses pour inciter à négocier une solution. En 2011, il s'en était fallu de quelques heures que les Etats-Unis ferment leurs services "non essentiels".
afp/bri
Les principales conséquences
+ DÉFENSE: les 800'000 employés civils de la défense seraient mis au chômage partiel un jour par semaine, soit une baisse de salaire de 20% à partir de fin avril. La Marine réduira le nombre de jours en mer de ses navires de 30 à 35%.
+ ÉDUCATION: l'Etat fédéral supprimerait des subventions dont dépendent 10'000 emplois de professeurs dans le pays ainsi que 7200 professeurs spécialisés. Le programme de scolarisation Head Start, destinés aux enfants pauvres de moins de cinq ans, serait éliminé pour 70'000 enfants, provoquant la suppression de 14'000 autres postes.
+ AÉROPORTS: l'attente moyenne à l'immigration des passagers arrivant aux Etats-Unis dans les grands aéroports augmenterait de 30 à 50%, et pourrait dépasser 4 heures aux heures de pointe dans les plus grands aéroports.
L'administration de la sécurité des transports serait en effet contrainte de mettre ses 50'000 employés au chômage partiel jusqu'à un jour par mois. Les contrôleurs aériens subiraient aussi du chômage partiel, provoquant la fermeture de plus de 200 petits aéroports, selon l'administration fédérale de l'aviation (FAA).
+ RECHERCHE: gel ou annulation de projets de recherche; des centaines de subventions en moins; retard des autorisations de mise sur le marché de médicaments.
+ PARCS NATIONAUX: un grand nombre des 398 parcs naturels nationaux seraient fermés partiellement ou totalement.
+ SÉCURITÉ: les agents de la police aux frontières réduiront leurs heures pour l'équivalent de 5000 temps pleins. Les services de l'immigration ont déjà relâché des étrangers en situation irrégulière qui avaient été arrêtés, en anticipation des coupes budgétaires. Le FBI perdrait l'équivalent de 1000 agents.
Obama appelle à remplacer les coupes automatiques par une approche équilibrée
Le président américain a appelé samedi le Congrès à remplacer les coupes automatiques dans le budget par ce qu'il a qualifié d'"approche équilibrée" combinant coupes budgétaires "intelligentes" et réforme de l'aide sociale.
Dans son allocution hebdomadaire diffusée à la radio et sur Internet, Barack Obama a argué du fait que l'on pouvait encore trouver une solution plus satisfaisante au problème de l'endettement des Etats-Unis.
Il a indiqué que le déficit budgétaire, qui dépasse actuellement les mille milliards de dollars, pouvait être réduit sans mettre des salariés au chômage ou en faire payer le prix à des parents ou à des étudiants.