Le Venezuela a commencé mercredi, dans le deuil et le recueillement, à faire ses adieux au président Hugo Chavez avant de s'engager dans un processus électoral inédit et plein d'incertitudes en l'absence de cette figure de la gauche radicale qui a dominé la vie politique de son pays pendant 14 ans.
Deuil, exposition du corps et funérailles nationales
Le corps du président vénézuélien, mort mardi des suites d'un cancer à l'âge de 58 ans (Lire: Le président vénézuélien Hugo Chavez est mort), doit être transféré dans la matinée à l'Académie militaire de Caracas et la procession devrait attirer des centaines de milliers de personnes.
Son corps y sera exposé pendant deux jours avant des funérailles nationales prévues pour vendredi matin. Les autorités ont en outre décrété sept jours de deuil.
Élection du successeur dans les 30 jours
Le ministre des Affaires étrangères Elias Jaua a confirmé que Nicolas Maduro assurerait l'intérim à la tête de l'Etat et qu'une élection présidentielle aurait lieu dans les 30 jours, conformément aux instructions laissées par Hugo Chavez.
Ce dernier avait préparé sa succession en chargeant le vice-président Nicolas Maduro d'assurer la transition et de se présenter en tant que candidat du parti socialiste au pouvoir en cas d'élection. (Lire: Nicolas Maduro, un modéré désigné successeur par Hugo Chavez)
Pour ce scrutin, Nicolas Maduro sera probablement opposé au gouverneur Henrique Capriles, 40 ans, battu par Hugo Chavez en octobre mais qui était parvenu à recueillir 44% des suffrages. Un récent sondage accordait cependant une forte avance à Nicolas Maduro.
Une transition contestée mais pas de changement radical
Toutefois, sur la transition, les interprétations de la Constitution divergent entre le gouvernement et la plupart des opposants, qui réclament que l'intérim soit assuré par le président de l'Assemblée nationale Diosdado Cabello et non par le vice-président.
Le décès du président, qui monopolisait les débats par son omniprésence, sa forte personnalité et ses multiples diatribes contre des opposants accusés d'être à la solde des "impérialistes", ouvre une période d'incertitude dans un pays fortement divisé entre pro et anti-Chavez. Le vice-président a d'ailleurs multiplié les appels au calme et a déployé l'armée et la police pour "garantir la paix".
Les liens avec l'étranger vont-ils changer avec la mort du leader charismatique? La question est également posée, notamment sous l'angle du pétrole (voir ci-contre), mais de l'avis général, tout prendra beaucoup de temps, quel que soit le résultat de la prochaine présidentielle.
agences/aduc
Période d'incertitude, selon la presse européenne
La presse européenne s'interroge aussi sur l'avenir incertain du Venezuela et la délicate succession de Hugo Chavez.
"S'ouvre désormais une période incertaine de gouvernement provisoire", écrit le quotidien espagnol de centre-droit El Mundo. "Mort attendue et incertitude", écrit aussi le journal conservateur espagnol ABC.
"Le Venezuela est en état d'urgence", relève le quotidien portugais Publico, rappelant que le gouvernement a déployé l'armée et les forces de police dans le pays.
La mort de Chavez va "plonger le Venezuela dans une nouvelle période d'incertitude", acquiesce le journal de droite français Le Figaro, dont un éditorial commente "la fin d'un provocateur".
"Reste à savoir si le chavisme survivra à son décès: l'homme a beaucoup personnalisé son pouvoir", souligne le journal La Libre Belgique.
Le pétrole, un enjeu national
Après la mort d'Hugo Chavez, les regards se tournent aussi du côté du pétrole vénézuélien, un secteur riche, nationalisé et utilisé comme arme politique.
Le Venezuela possède en effet, selon des estimations de BP, les plus grosses réserves prouvées de brut de la planète (296 milliards de barils), devant l'Arabie saoudite (265 milliards).
En outre, malgré les accrochages politiques, le pays exporte 36% de sa production pétrolière vers les Etats-Unis, dont il était en 2012 l'un des principaux fournisseurs de pétrole derrière le Canada, l'Arabie saoudite et le Mexique, couvrant environ 10% des importations américaines.
Selon les experts, aucun changement radical immédiat ne devrait intervenir le secteur. Une ouverture accrue est en revanche nécessaire à terme pour doper l'exploitation des principales réserves de brut de la planète, mais elle devrait prendre du temps.
Actuellement, la rente pétrolière représentant 90% des ressources en devises du pays, "la capacité d'une éventuelle administration Maduro à poursuivre la politique sociale de Chavez dépendra d'un accroissement de la production pétrolière", ce qui pourrait l'inciter à plus de souplesse dans ses relations avec les compagnies internationales, a encore estimé un expert interrogé par afp.