Organisé en Tunisie, alors que le pays traverse de nouveaux troubles, le Forum Social Mondial (FSM) va tenter de mobiliser fin mars autant les altermondialistes, les "indignés" que les révolutionnaires du "Printemps arabe" autour de thèmes porteurs. C'est la première fois que le Maghreb accueille ce Forum.
Les intervenants clés
L'histoire a, semble-t-il, donné raison aux participants du premier FSM de Porte Alegre en 2001, qui s'étaient donné rendez-vous au Brésil pour réfléchir à de possibles alternatives face à une mondialisation déjà rampante suscitant la peur chez beaucoup.
Pour Sergio Ferrari, de l'ONG suisse E-Changer, qui coordonne la présence de la soixantaine de représentants helvétiques à Tunis, plusieurs des intervenants à la première édition du FSM sont devenus avec le temps des personnages politiques clés en Amérique latine, qu'il s'agisse de feu le président vénézuélien Hugo Chavez ou du Bolivien Evo Morales.
Les questionnements
Douze ans après, que reste-t-il des idéaux du FSM? Les questionnements demeurent identiques sur la répartition inégale des richesses et les coûts sociaux et environnementaux engendrés par ces disparités. A ces thèmes s'ajoute aujourd'hui la transition démocratique dans les pays arabes.
Du 26 au 30 mars, sur le site de l'Université d'El Manar à Tunis, 4000 organisations en débattront. Entre 30'000 et 50'000 participants sont attendus, pour un budget de fonctionnement de 1,5 million d'euros (1,8 million de francs).
Défis à relever
Parmi les défis à relever cette année: encore et toujours la crise du système économique. L'évolution du "Printemps arabe" suscitera également le débat.
Parmi les thèmes qui seront traités figurent "l'épanouissement de nouvelles expressions sociales contre les dictatures" ou "le rétablissement des droits des peuples à disposer d'eux-mêmes". Le processus de la "décolonisation" est également prévu à l'agenda.
ats/aduc
Onze "axe thématiques" au programme
Les organisateurs du Forum Social Mondial (FSM) de Tunis ont défini onze "axes thématiques" pour alimenter le débat. Outre la suite du processus de démocratisation des pays arabes, il sera question de la liberté de circulation, des droits d'auteur et de l'avenir du Forum.
Le mot "impérialisme" refait surface dans l'un des thèmes proposés. Les termes de dignité, de diversité, de justice et d'égalité s'inscriront ainsi dans le cadre d'une discussion générale pour éliminer "les formes d'oppressions". Le programme prévoit aussi un débat sur "la liberté de circulation".
Dans un monde sous l'influence grandissante d'internet, il prônera également "un changement fondamental du système des droits de la propriété intellectuelle".
Les représentants venus de Suisse
La Suisse a été représentée à chacun des Forums depuis celui de Porto Alegre, au Brésil, en 2001. Huit délégations ont permis à des personnalités politiques, surtout d'obédience de gauche, à des syndicalistes et à des membres d'ONG, d'y prendre part.
Plus de soixante personnes composeront la délégation helvétique à Tunis. Parmi elles figurent des élus sous la coupole fédérale - les Verts Maya Graf, Luc Recordon, Christian Van Singer et Francine John-Calame, le socialiste Manuel Tornare ou la représentante du Parti évangélique Maja Ingold par exemple - et une forte cohorte du syndicat Unia.
Mais le gros de la délégation sera constitué d'ONG telles qu'Alliance Sud, la Croix-Rouge ou Amnesty International.