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Le gouvernement tunisien investi le jour de la mort d'un jeune désespéré

Le gouvernement tunisien de l'islamiste Ali Larayedh (en photo) a obtenu la confiance des députés mercredi. [FETHI BELAID]
Le gouvernement tunisien de l'islamiste Ali Larayedh (en photo) a obtenu la confiance des députés mercredi. - [FETHI BELAID]
La Tunisie s'est dotée d'un nouveau gouvernement dirigé par le ministre de l'Intérieur sortant Ali Larayedh mercredi, au jour du décès du vendeur à la sauvette qui s'était immolé par le feu.

Le gouvernement tunisien de l'islamiste Ali Larayedh a prêté serment mercredi, jour du décès d'un jeune vendeur ambulant qui s'est immolé par le feu, désespéré par ses conditions de vie. Ce drame illustre les tensions sociales auxquelles le cabinet devra faire face.

Ce cabinet, qui a reçu la confiance de l'Assemblée nationale constituante (ANC) à la mi-journée, a ensuite prêté serment à la présidence.

La passation de pouvoir aura lieu jeudi après-midi, soit près d'un mois après la démission le 19 février du Premier ministre Hamadi Jebali, emporté par une crise politique exacerbée par l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd. Lire: Les islamistes au pouvoir en Tunisie renoncent aux ministères régaliens

"Ce cabinet a une volonté inébranlable"

S'adressant aux ministres de cette coalition regroupant les islamistes d'Ennahda, deux partis laïques et des indépendants, le président Moncef Marzouki a mis l'accent sur le désespoir des jeunes face à la misère et au chômage à l'origine de l'immolation par le feu mardi d'un vendeur ambulant, Adel Khazri.

Ce cabinet "n'a pas de baguette magique pour résoudre les problèmes de la pauvreté et du chômage qui se sont accumulés pendant trois décennies (...) mais il a une volonté inébranlable pour affronter ce tsunami de problèmes", a-t-il ajouté.

Une mort hautement symbolique

Ali Larayedh a quant à lui réagi dans la matinée, quelques heures après l'annonce du décès : "C'est un incident triste, j'espère que nous avons tous compris le message", a déclaré le ministre sortant de l'Intérieur.

Les funérailles d'Adel Khazri auront lieu jeudi à la mi-journée à Souk Jemaa (nord-ouest), a indiqué Issam, le frère du défunt.

La mort d'Adel Khazri est hautement symbolique en Tunisie où la révolution avait déjà été déclenchée par l'immolation d'un vendeur ambulant excédé par la misère et les brimades de policiers à Sidi Bouzid, au centre du pays. La pauvreté et le chômage étaient au coeur des causes du soulèvement.

Or, deux ans après, l'économie tunisienne est toujours anémique et le pays est paralysé par une interminable crise politique et institutionnelle. Une trentaine de vendeurs à la sauvette ont manifesté mercredi sur les marches du théâtre municipal, où l'immolation a eu lieu, en scandant "Honte au gouvernement, la jeunesse brûle".

ats/jgal

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Les promesses d'Ali Larayedh

Ali Larayedh a assuré mardi dans son discours de politique générale qu'il comptait mettre un terme avant la fin de l'année à l'impasse politique causée par l'absence de consensus sur la future Constitution qui bloque l'organisation d'élections et prive le pays d'institutions stables.

Pour qu'une nouvelle Constitution soit adoptée, le soutien des deux tiers des députés est nécessaire, or aucun compromis ne s'est dessiné même entre Ennahda et ses alliés.

Un calendrier a été soumis aux députés lundi, prévoyant l'adoption de la loi fondamentale début juillet et des élections en octobre. Si les élus ne se sont pas encore prononcés, des observateurs ont jugé l'échéancier peu réaliste, d'autant que les dates-limite fixées par le passé n'ont pas été respectées.

Un bilan peu convaincant à l'Intérieur

La stabilité de la Tunisie est aussi menacée par des tensions sociales grandissantes, manifestations, grèves et affrontements se multipliant face au niveau élevé du chômage (17% environ) et la misère, deux facteurs clés du soulèvement de 2011.

L'essor de groupuscules islamistes radicaux, dont l'un est accusé d'avoir tué Chokri Belaïd, est un autre défi auquel Ali Larayedh devra faire face.

Or Ali Larayedh est très critiqué pour son bilan mitigé au ministère de l'Intérieur, en raison justement de sa mauvaise gestion supposée de la menace salafiste et de la répression violente de mouvements sociaux.