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Paris et Londres prêts à armer les rebelles syriens sans accord de l'UE

Laurent Fabius. [Mohamed Azakin / Reuters]
Laurent Fabius serait prêt à contourner l'embargo européen. - [Mohamed Azakin / Reuters]
Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius s'est rangé jeudi du côté du gouvernement britannique, se disant prêt à contourner l'embargo européen sur la livraison d'armes à l'opposition syrienne.

A la veille du 2e anniversaire du déclenchement de la rébellion en Syrie, Paris s'est uni à Londres et a exprimé jeudi sa volonté de livrer des armes aux rebelles, en s'affranchissant éventuellement de l'embargo imposé par l'Union européenne.

La France et la Grande-Bretagne demandent "aux Européens, maintenant, de lever l'embargo pour que les résistants aient la possibilité de se défendre", a déclaré le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, à la radio France Info. "Lever l'embargo c'est un des seuls moyens qui restent pour faire bouger politiquement la situation", a-t-il estimé.

Pour l'heure, seuls des matériels non létaux sont livrés

L'objectif, selon des responsables français s'exprimant sous anonymat, serait notamment de fournir à l'opposition syrienne des missiles sol-air pour contrer les attaques des avions et hélicoptères de l'armée syrienne.

Pour l'heure, un embargo européen interdit de telles livraisons et certains de ses membres, comme Paris et Londres, ne fournissent aux rebelles syriens que des matériels non létaux comme des moyens de protection ou de communication.

Un prochain examen par l'Union de cet embargo est prévu fin mai, mais Français et Britanniques vont demander de l'avancer pour qu'il se tienne très prochainement, vraisemblablement "fin mars", a indiqué Laurent Fabius.

Crainte européenne d'aggraver le conflit

Mardi déjà, le Premier ministre britannique David Cameron avait indiqué que son pays pourrait se désolidariser de l'embargo de l'UE en cours, en fournissant des armes à l'opposition syrienne pour lutter contre le président Bachar al-Assad.

Plusieurs membres de l'UE, notamment l'Allemagne, sont très réticents à l'idée de lever l'embargo sur les armes, jugeant qu'il y en a déjà assez en Syrie et qu'une telle mesure ne pourrait qu'aggraver le conflit.

afp/ptur

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L'Union européenne laisse la porte ouverte

L'Union européenne a assuré jeudi qu'il était "possible" de discuter "sans délai" de l'opportunité de lever l'embargo sur les armes à destination des rebelles syriens si l'un des 27 Etats membres le souhaitait, à la suite des déclarations en ce sens du gouvernement français.

De son côté, Berlin a aussi déclaré être "prêt à discuter immédiatement au sein de l'Union Européenne" de cette possibilité. "Nous avons modifié les sanctions européennes vis-à-vis de la Syrie il y a deux semaines (...).

Si des partenaires importants de l'UE estiment que la situation est maintenant différente et que cela nécessite encore un nouveau changement des sanctions, nous sommes évidemment prêts à en parler immédiatement au sein de l'UE", a dit le ministère des Affaires étrangères allemand.

L'intervention de Laurent Fabius sur France Info


La France pourrait livrer des armes aux... par FranceInfo

Le porte-parole de l'opposition syrienne approuve

La volonté affichée par Paris et Londres d'armer les rebelles en Syrie est "un pas dans la bonne direction" en vue de renverser le régime de Bachar al-Assad, a réagi jeudi le porte-parole de l'opposition syrienne Walid Bounni.

"Tant que les Européens et les Américains n'arment pas la rébellion, ils sont en train de dire à Bachar al-Assad 'continue de te battre'", a-t-il estimé.

"Bachar al-Assad n'acceptera de solution politique [au conflit] que lorsqu'il saura qu'il a face à lui une force [armée] qui va le renverser", a ajouté le porte-parole.

Du côté de Damas, la volonté affichée d'armer les rebelles est "une violation flagrante du droit international", a indiqué jeudi l'agence officielle syrienne Sana.

L'équilibre des forces va évoluer

L'équilibre des forces en Syrie va probablement finir par pencher en faveur des rebelles, estime jeudi l'Institut international d'études stratégiques (IISS) de Londres.

L'IISS juge aussi "improbable" la perspective d'une intervention militaire étrangère et craint que la prolongation du conflit déstabilise toute la région.