Occidentaux et pays musulmans ont surmonté vendredi leurs profondes divergences pour s'accorder sur une déclaration de l'ONU qualifiée d'historique qui dénonce les violences faites aux femmes. Elle définit un code de conduite pour les combattre. La Suisse a salué cet accord.
A l'issue de près de deux semaines de négociations à New York entre les 193 Etats membres de l'ONU, l'Iran, la Libye, le Soudan et d'autres pays musulmans à l'origine très réticents ont accepté d'inclure dans cette déclaration un paragraphe soulignant que la violence contre les femmes et les filles ne pouvait se justifier "par aucune coutume, tradition ou considération religieuse".
Un véritable fléau
De leur côté, les pays occidentaux, notamment scandinaves, qui poussaient à l'adoption d'un texte vigoureux ont fait des concessions sur le chapitre des droits des homosexuelles et des droits sexuels.
Selon un rapport de la Banque mondiale évoqué à la conférence, les femmes âgées de 15 à 44 ans sont plus nombreuses à décéder de mort violente que du paludisme, du sida ou du cancer réunis.
Une réunion "historique"
La Suisse a salué l'adoption de cette déclaration, fait-elle savoir dans un communiqué publié à New York. La Mission helvétique auprès de l'ONU rappelle que la Suisse avait par ailleurs été élue en avril 2012 pour quatre ans à la Commission de l'ONU sur le statut de la femme, avec droit de vote, à partir de la 58e session.
De son côté, Michelle Bachelet, directrice exécutive de ONU Femmes, a qualifié la réunion d'"historique". Juste après, l'ONU a annoncé que Mme Bachelet quittait son poste pour reprendre sa carrière politique au Chili, dont elle a été présidente.
A l'opposé, les Frères musulmans en Egypte ont estimé vendredi que le texte en discussion à l'ONU était contraire à l'islam et conduirait à la "déchéance totale de la société" en cas d'adoption.
agences/olhor
Les proclamations de la déclaration
"La Commission demande instamment aux Etats de condamner avec force toutes formes de violence contre les femmes et les filles et de s'abstenir d'invoquer toute coutume, tradition ou considération religieuse pour se soustraire à leur obligation de mettre fin" à cette violence, proclame la déclaration.
Elle ajoute que les Etats doivent "accorder une attention particulière à l'abolition des pratiques et des lois discriminantes envers les femmes et les filles ou qui perpétuent ou considèrent comme acceptable la violence exercée à leur égard".
Les pays doivent "traiter et éradiquer en priorité les violences domestiques", souligne le texte.
Les oppositions au texte
Au cours des négociations, l'Iran, le Vatican ou la Russie s'étaient ligués dans une alliance conservatrice, selon des diplomates, pour tenter d'édulcorer le projet de déclaration finale soutenu par les Etats-Unis, le Canada et les Européens, notamment la Norvège et le Danemark.
Les pays conservateurs s'opposaient aussi à ce que des relations sexuelles imposées à une femme par son mari ou son compagnon soient considérées comme un viol et contestaient des références dans le texte au droit à l'avortement.