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Rongé par l'instabilité, l'Irak marque les dix ans de son invasion

Abattage d'une statue de Saddam Hussein, en avril 2003. [Jérôme Delay]
Abattage d'une statue de Saddam Hussein, en avril 2003. - [Jérôme Delay]
Le 10e anniversaire de l'invasion de l'Irak a été commémoré mercredi dans la plus grande discrétion par une coalition emmenée par les Etats-Unis dans un contexte tendu, où les attaques quotidiennes freinent la reconstruction du pays.

L'Irak a commémoré en toute discrétion mercredi les 10 ans de l'invasion de l'Irak. Peu de manifestations se sont tenues à travers le pays et le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, chahuté par ses partenaires de coalition et la minorité sunnite, n'a pas marqué cet événement.

Menée le 20 mars 2003, l'intervention militaire des Etats-Unis, appuyés par quelques alliés, a rapidement entraîné la chute de Saddam Hussein, issu de la minorité sunnite.

Malgré des accords de partage du pouvoir entre chiites, sunnites et Kurdes, l'Irak a ensuite basculé dans un cycle de violences confessionnelles qui a fait des dizaines de milliers de morts, en particulier dans la période 2006-2007.

La situation politique

Le pays reste fragilisé par une rébellion sunnite persistante et de fortes tensions entre les différentes communautés. L'Irak est loin d'incarner la démocratie exemplaire imaginée par l'administration américaine au déclenchement des hostilités.

Le Premier ministre Nouri al-Maliki est conspué par ses alliés de la coalition gouvernementale et la minorité sunnite, qui enrage de se voir "marginalisée".

Depuis fin décembre, des manifestations réunissent chaque vendredi des dizaines de milliers de personnes dans les régions sunnites. Deux ministres du bloc Iraqiya, laïc mais dominé par les sunnites, ont déjà claqué la porte depuis début février.

Nouveau coup dur pour le Premier ministre: mardi, au moment où Bagdad était ensanglanté par de nouveaux attentats, le bloc de l'influent clerc chiite Moqtada Sadr a annoncé que ses cinq ministres suspendaient leur participation au conseil des ministres.

La situation économique

L'exploitation du pétrole, première richesse de l'Irak, est à peu près la seule réussite du pays. A l'heure actuelle, l'Irak produit 3,15 millions de barils par jour (mbj) et exporte 2,5 mbj, selon le ministère du Pétrole. Ses sous-sols renferment des réserves prouvées de quelque 143,1 milliards de barils de brut, parmi les plus élevées au monde.

A en croire l'Agence internationale de l'énergie (AIE), Bagdad devrait pouvoir exporter pour environ 5000 milliards de dollars (4730 milliards de francs) d'ici 2035.

Mais au sein de la population, les revenus du pétrole ne profitent pas à tout le monde. Environ un quart des Irakiens vivrait en dessous du seuil de pauvreté et un Irakien sur trois est au chômage ou en situation de sous-emploi, selon des chiffres officieux. Le pétrole n'emploie qu'un pour cent de la population active, selon les Nations unies.

Les Irakiens doivent donc se tourner vers la gargantuesque fonction publique, où le népotisme règne en maître, ou aller dans le secteur privé, qui reste embryonnaire.

Le bilan des victimes

A la veille de ce dixième anniversaire, une nouvelle vague d'attentats ciblant les zones chiites de Bagdad et de sa périphérie ont fait mardi 52 morts et plus de 170 blessés. La branche irakienne d'Al-Qaïda a revendiqué la vague d'attentats antichiites. Mercredi, une autre attaque a causé la mort de deux personnes dans la capitale.

(Lire également: Une vague d'attentats fait au moins 50 morts à Bagdad)

Au total, 112'000 civils ont tués depuis le 20 mars 2003, au cours de 31'500 attaques, selon une étude de l'ONG Iraq Body Count, basée en Grande-Bretagne. Dans le camp américain, quelque 4500 soldats ont perdu la vie.

Les enlèvements sont également devenus très communs dans les années qui ont suivi la chute de Saddam Hussein. Selon Arkan Thamer Saleh, chef des affaires humanitaires au ministère des droits de l'Homme, ces disparus sont officiellement 16'000, sans compter les cas qui n'ont pas été signalés.

agences/hend

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