Le Parlement chypriote, réuni en session extraordinaire, a entamé vendredi soir l'examen des premières des huit lois liées au plan de sauvetage que Nicosie doit conclure avant lundi avec ses partenaires européens pour éviter la banqueroute.
Dès l'ouverture de la session, les députés ont approuvé un texte créant un fonds de solidarité et un autre limitant les mouvements de capitaux pour éviter une trop forte pression sur les banques à leur réouverture, prévue mardi. Ils ont ensuite adopté un plan de restructuration des banques.
Par ailleurs, les ministres des Finances de la zone euro se réuniront dimanche soir à Bruxelles pour trouver une solution à la crise de Chypre.
Chypre doit trouver d'ici lundi 7 milliards d'euros, plus du tiers de son PIB annuel, condition au déblocage par la troïka d'une aide de 10 milliards qui lui éviterait la faillite.
Retour de la taxe sur les dépôts
L'idée d'une taxe sur les dépôts bancaires a refait son apparition. Les deux grandes banques de Chypre, Bank of Cyprus et Popular Bank (Laiki), ont plaidé vendredi en faveur d'un tel prélèvement sur les dépôts supérieurs à 100'000 euros.
Mais cette mesure avait provoqué un tollé et, malgré un amendement en vue d'épargner les petits épargnants, elle avait été rejetée mardi par le Parlement. Une telle taxe aurait permis de mettre à contribution les fonds étrangers, notamment russes, déposés dans les banques chypriotes.
La mesure semble d'autant plus inévitable que l'option d'une aide russe caressée par Nicosie s'est refermée. Après deux jours de discussions à Moscou avec le ministre chypriote des Finances Michalis Sarris, la Russie a indiqué ne pas être intéressée par les propositions de Nicosie.
Impatience européenne
Du côté de l'Union européenne et de la zone euro, l'énervement grimpe, en particulier à Berlin.
La chancelière allemande Angela Merkel a prévenu vendredi matin qu'il ne fallait "pas abuser de la patience des partenaires de la zone euro", selon des propos rapportés par des députés de sa coalition.
Par ailleurs, les ministres des Finances de la zone euro se réuniront dimanche soir à Bruxelles pour trouver une solution à la crise de Chypre, ont indiqué trois sources différentes vendredi soir.
Sur l'île même, la situation devient critique en raison de la paralysie du système bancaire. Les virements sont interdits et les banques, fermées depuis le 16 mars, ne rouvriront au plus tôt que mardi. De nombreux cafés, restaurants ou stations-service refusent désormais les paiements par carte de crédit ou par chèque.
>> A lire aussi : Ultimatum de la Banque centrale européenne posé à Chypre
afp/moha
Moody's abaisse la note de trois banques
L'agence de notation financière Moody's a abaissé vendredi la note de trois grandes banques chypriotes, invoquant des risques de nouveaux contrôles des dépôts lors de leur réouverture et de pertes pour les déposants.
Moody's a abaissé de Caa2 à Caa3 les notes des dépôts et de la dette à long terme des banques Bank of Cyprus, Cyprus Popular Bank et Hellenic Bank et envisage de les abaisser à nouveau, a annoncé l'agence de notation dans un communiqué.
Les notes Caa sont attribuées à des émetteurs de qualité médiocre, présentant un vrai risque de non-remboursement.
L'agence de notation estime que "le risque de pertes importantes s'est considérablement accru, de même que celui de scénarios de liquidations de banques", écrit Moody's.