Les députés français ont achevé vendredi l'examen du projet de loi sur le mariage gay, après deux jours de débat et une nuit agitée. L'Assemblée nationale a échappé de peu à une bagarre, échauffée par des manifestations à l'extérieur.
Vote final mardi
Entamés mercredi après un premier examen du texte par les députés et son adoption légèrement modifiée par le Sénat, les débats se sont achevés vendredi matin à 07h35. La voie est ainsi ouverte au vote définitif du texte mardi. Aucun amendement n'a été adopté.
L'UMP, principal parti de l'opposition, a déjà indiqué qu'elle envisageait un recours devant le Conseil constitutionnel.
Scènes "jamais vues"
L'Assemblée nationale à Paris a échappé de peu à une bagarre. Des députés UMP, excédés par une mimique d'un collaborateur de la ministre française de la Justice, se sont précipités au bas de l'hémicycle et se sont approchés des bancs du gouvernement en criant "dehors, dehors".
Des huissiers et le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies, se sont alors interposés. "Ca fait trente ans que je siège dans cet hémicycle je n'ai jamais vu cela", a réagi M. Vidalies.
Une huissière a reçu un coup, selon des sources parlementaires.
Manifestations devant l'Assemblée nationale
Jeudi soir, 3000 personnes ont manifesté aux abords de l'Assemblée nationale contre le projet de loi , selon les chiffres de la préfecture de police.
Après l'appel à la dispersion lancé par les organisateurs, plusieurs centaines de manifestants sont toutefois restés sur place, a indiqué la préfecture, qui a fait état de jets de projectiles par certains militants en direction des CRS.
La préfecture a précisé qu'il n'y a eu aucun incident grave aux abords de l'Assemblée. Elle a fait cependant état de 74 interpellations dans les rangs des manifestants qui ne s'étaient pas dispersés. Elle a aussi signalé qu'un gendarme avait été légèrement blessé.
ats/delg
Augmentation des incidents homophobes
Jeudi soir, des militants d'extrême droite ont pris à partie des journalistes, dont certains ont été molestés tandis qu'une caméra a été cassée.
Deux députés socialistes de Vendée ont annoncé jeudi qu'ils avaient fait l'objet de "menaces de mort" et d'enlèvement.
Trois employés d'un bar gay du centre de Lille ont été légèrement blessés mercredi soir au cours d'une agression par quatre hommes qui ont ensuite été interpellés.
Le gérant d'un autre bar gay à Bordeaux a lui aussi été blessé par deux hommes cagoulés qui ont cassé des verres et des bouteilles dans son établissement.
La Fédération LGBT (fédération des associations et centres lesbiens, gays, bi et trans en France) a dénoncé des "violences inacceptables (qui) interviennent dans un climat de harcèlement, de manifestations de la part des opposants au mariage pour tous. Ces derniers ont décomplexé l'expression d'une homophobie désormais revendiquée".
53% des Français approuvent le mariage gay
L'ouverture du mariage aux homosexuels continue à être approuvée par la majorité des Français (53%) mais le droit à adopter qui en est son corollaire et qui cristallise la fureur des opposants est rejeté par la majorité d'entre eux (56%), selon un récent sondage.