Le numéro deux du Parti démocrate (PD, gauche) Enrico Letta a été chargé mercredi de former un nouveau gouvernement alliant gauche et droite pour mettre fin à la crise politique dans laquelle l'Italie est empêtrée depuis deux mois.
"Cela fait 60 jours que le pays attend un gouvernement. C'est une situation, très difficile, fragile, inédite, qui ne peut pas durer", a déclaré Enrico Letta, 46 ans, à la sortie de son entretien avec le président Giorgio Napolitano qui lui a confié cette tâche.
Un accord encore cette semaine?
Selon la Constitution italienne, Enrico Letta doit maintenant procéder à des consultations avec les forces politiques, à partir de ce jeudi, a-t-il dit, avant d'être nommé formellement chef d'un gouvernement qui pourrait être installé d'ici la fin de la semaine.
Il a d'ores et déjà appelé "toutes les forces politiques" à lui apporter leur soutien, énumérant les réformes qu'il compte mener en priorité: réduction du nombre de parlementaires, suppression des provinces, réforme de la loi électorale, "à l'origine de la crise actuelle", a-t-il relevé, ajoutant que "la politique avait perdu toute sa crédibilité".
Le Peuple de la Liberté (PDL) de Silvio Berlusconi a fait savoir qu'il soutiendrait le futur gouvernement, de même que les centristes du chef de gouvernement sortant Mario Monti. La Ligue du Nord, ex-alliée de Berlusconi, y sera hostile, tandis que les "grillons" du Mouvement cinq étoiles (M5S) ont promis une "opposition constructive", prêts à voter les mesures qu'ils approuveront.
Gouvernement d'entente possible
A 46 ans, Enrico Letta figurera parmi les plus jeunes dirigeants de l'Union européenne. Agé lui-même de bientôt 88 ans, Giorgio Napolitano a insisté sur le fait qu'Enrico Letta incarne une nouvelle génération, même s'il a déjà occupé plusieurs postes ministériels.
Le futur président du Conseil a plaidé pour que l'Italie pèse de tout son poids "pour changer la barre des politiques européennes". "Les politiques d'austérité ne suffisent plus", a-t-il dit. Il a aussi promis aussi de s'attaquer au chômage, qui touche 11,6% de la population.
agences/cab
La crise en quelques dates
6 décembre 2012: Le parti Peuple de la Liberté (PDL, centre droit) de Silvio Berlusconi s'abstient à deux reprises de voter la confiance au gouvernement Monti, provoquant une crise politique.
Mario Monti, à la tête d'un gouvernement d'experts, était soutenu depuis novembre 2011 par le PDL, le Parti démocrate (PD, centre gauche) et les centristes.
21 décembre: Mario Monti présente sa démission et celle de son gouvernement. Depuis, il expédie les affaires courantes.
24 et 25 février 2013: Aux législatives, le PD remporte la majorité absolue à la Chambre des députés mais aucune majorité claire ne se dégage au Sénat. Seul véritable vainqueur du scrutin, l'ex-comique Beppe Grillo et son Mouvement Cinq Etoiles (M5S) qui a cristallisé le vote contestataire et s'adjuge un quart des voix.
20 mars: Alors que les partis n'arrivent pas à s'entendre, le président Giorgio Napolitano entame des consultations dans l'espoir de trouver une majorité politique au Sénat susceptible de permettre la formation d'un gouvernement.
20 avril: Giorgio Napolitano (87 ans) est réélu président de la République.