Le dirigeant de gauche Enrico Letta a présenté samedi au président italien Giorgio Napolitano la composition d'un nouveau gouvernement de coalition.
"C'est un gouvernement politique, l'unique possible", a commenté le président de la République. Cette alliance permettra au nouveau gouvernement d'obtenir la confiance des deux Chambres, comme le prévoit la Constitution, s'est-il félicité.
"Large entente"
Signal très fort de cette "large entente" encore mal acceptée par nombre de militants du Parti démocrate, Angelino Alfano, chef du Peuple de la liberté (PDL, droite), parti créé par le Cavaliere, sera vice-premier ministre et ministre de l'Intérieur.
Le ministère de l'Economie et des Finances va au directeur de la Banque d'Italie, Fabrizio Saccomanni, alors que la troisième économie de la zone euro est plongée dans la récession.
Un visage connu fait une nouvelle apparition: celui de l'ex-commissaire européenne radicale Emma Bonino, nommée aux Affaires étrangères. Quant à la Justice, ministère très sensible pour Silvio Berlusconi, poursuivi dans plusieurs procès, il revient à l'actuelle ministre de l'Intérieur, Anna Maria Cancellieri.
"Record de présence féminine"
Enrico Letta s'est félicité surtout du "record de présence féminine et le rajeunissement de l'équipe". De fait, de nombreuses figures encore inconnues du grand public en Italie apparaissent dans ce gouvernement.
Enrico Letta devrait présenter son programme lundi devant la Chambre des députés en posant la question de confiance devant le Parlement.
agences/mre
Beppe Grillo à l'écart
Le Mouvement Cinq Etoiles (M5S) se tient quant à lui à l'écart du jeu politique. Pour son chef de file, Beppe Grillo, la création de cette coalition droite-gauche est "une orgie digne du meilleur des bunga bunga", ces fêtes privées organisées par Silvio Berlusconi.
Une tâche compliquée
La tâche d'Enrico Letta était compliquée: faire travailler ensemble deux forces qui ont multiplié les attaques mutuelles depuis des années.
La gauche répétait sur tous les tons ces dernières semaines qu'elle n'accepterait jamais de gouverner avec son ennemi juré, Silvio Berlusconi.
Majoritaire à la Chambre des députés, mais pas au Sénat, elle n'avait pu trouver l'appui nécessaire pour former un gouvernement. Après deux mois d'impasse politique, elle a dû opérer un virage à 180 degrés.
Samedi, Enrico Letta s'est entretenu avec son ex-patron, Pier Luigi Bersani, puis, pendant plus de deux heures, avec une importante délégation du Peuple de la Liberté: son fondateur Silvio Berlusconi, le dirigeant du PDL Angelino Alfano, et le conseiller spécial du Cavaliere, qui n'est autre que... son oncle, Gianni Letta.
1ère femme noire dans un gouvernement italien
Parmi les nouveaux visages apparus dans le gouvernement d'Enrico Letta figure celui de Cécile Kyenge, nommée ministre de l'Intégration. Elle est aussi la première femme noire de l'histoire de l'Italie à accéder au rang de ministre.
"C'est un pas décisif pour changer concrètement l'Italie", a commenté cette oculiste de 49 ans originaire de la République Démocratique du Congo et arrivée en Italie en 1983.
Député du Parti démocrate, la première femme d'origine africaine à siéger au Parlement italien était en train de préparer un dossier sur "le racisme institutionnel" en Italie. Elle milite aussi pour l'abrogation du délit d'immigration clandestine et souhaite rendre le marché du travail plus accessible aux étrangers.