Les rebelles syriens ont utilisé des armes chimiques. C’est Carla del Ponte, membre de la commission d'enquête sur la Syrie dépendant du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, qui l’a affirmé dimanche soir au micro de la Radio Télévision suisse-italienne (RSI).
"Nous disposons de témoignages sur l'utilisation d'armes chimiques en particulier le gaz sarin. Pas de la part du gouvernement, mais des opposants", a affirmé l'ex-procureure générale du Tribunal pénal international pour les crimes commis en ex-Yougoslavie (TPIY).
"Suspicions fortes et concrètes"
La Tessinoise a néanmoins précisé que les recherches de la Commission, qui doit présenter ses observations aux trois prochaines sessions du Conseil des droits de l'homme de l'ONU en juin et septembre 2013, puis en mars 2014, étaient loin d'être terminées, et n'a pas donné de détails sur les circonstances de l'usage de cette arme.
"Il existe des suspicions fortes et concrètes, mais pas encore de preuve incontestable", a souligné Carla del Ponte. "Nos enquêtes devront être approfondies ultérieurement, vérifiées et confirmées à travers de nouveaux témoignages".
Le gaz sarin est considéré comme une arme de destruction massive par les Nations unies depuis 1991.
ats/aduc
Deux raids israéliens en 48 heures
Israël a mené deux raids en Syrie en 48 heures, affirmant vouloir empêcher un transfert d'armes au Hezbollah libanais, mais pour Damas ceci ouvre la porte à toutes les options et rend la situation dans la région plus "dangereuse".
Au moins 42 soldats syriens ont été tués et le sort d'une centaine d'autres est inconnu après le raid israélien mené dans la nuit de samedi à dimanche contre trois positions militaires au nord de Damas, a rapporté une ONG.
Alors que le conflit en Syrie a déjà fait en plus de deux ans 70'000 morts, ces raids risquent de marquer un tournant avec une implication ouverte d'Israël tandis que l'Iran, son ennemi juré, s'est dit prêt à "entraîner" l'armée syrienne, avec laquelle le Hezbollah a reconnu combattre.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est déclaré "très préoccupé" et a appelé au calme.
Régime et rebelles syriens accusés mutuellement
Le régime de Bachar al Assad et les rebelles se sont mutuellement accusé d'avoir employé des armes chimiques à trois reprises, en décembre près de Homs, puis en mars près d'Alep et de Damas.
Les Etats-Unis, où Barack Obama a fait de l'utilisation d'armes chimiques une "ligne rouge" dans le conflit syrien, ont déclaré pour leur part être parvenus à la conclusion "avec différents degrés de certitude" que les forces gouvernementales syriennes avaient utilisé du gaz sarin contre leur propre peuple.
Mardi dernier, Barack Obama a toutefois déclaré que si les Etats-Unis avaient des preuves que des armes chimique ont bien été utilisés en Syrie, ils ne savaient "pas comment elles ont été utilisées, quand elles ont été utilisées, ni qui les a utilisées".
"Solution politique" plaidée par Laurent Fabius
Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a plaidé lundi pour "une solution politique" dans le conflit syrien, après l'utilisation probable d'armes chimiques par les forces du président Assad et les deux raids israéliens en Syrie .
"La situation en Syrie est une véritable tragédie", qui gagne les pays voisins, tels que la Jordanie ou le Liban, a déclaré le ministre des Affaires étrangères en visite à Hong Kong. "Si cette situation se poursuit, cela pourrait devenir un désastre humain et politique", a-t-il estimé.