Les agressions et insultes homophobes ont connu une forte augmentation en France en 2012 en plein débat sur le projet de loi ouvrant le mariage aux couples homosexuels, selon un rapport publié mardi par l'association de lutte contre l'homophobie SOS Homophobie.
D'après son rapport annuel, l'association a reçu 1977 appels sur sa ligne d'écoute en 2012, soit une hausse de 27% par rapport à 2011.
Les actes, insultes et agressions à caractère homophobe ont connu une explosion fin 2012 au début du processus d'adoption de la loi par l'Assemblée nationale. Les auditions à l'Assemblée nationale ont alors été accompagnées de manifestations de partisans et d'opposants au texte qui prévoit le mariage et l'adoption pour les couples homosexuels.
Il n'existe pas au ministère de l'Intérieur ou au ministère de la Justice de statistiques sur les agressions homophobes et ce rapport est donc le seul baromètre en France de l'homophobie.
Les chiffres communiqués sont notamment établis à partir des témoignages reçus par l'association.
Hausse des actes fin 2012
La fin de l'année a été particulièrement "intense", analyse Elisabeth Ronzier, la présidente de l'association: en octobre et novembre, les témoignages ont doublé par rapport à l'an passé et en décembre ils ont triplé.
Le débat sur le mariage gay a permis, "du côté des opposants, une libération de la parole homophobe, et, en contrepartie, une libération de la parole des victimes", ajoute-t-elle. "Et le début de l'année 2013 est sur la même tendance", dénonce Mme Ronzier.
La loi sur le mariage gay a été adoptée par le Parlement en avril. L'opposition de droite tente d'en contester la conformité à la Constitution. Le texte doit encore être promulgué par le président François Hollande, dont c'était une promesse de campagne en 2012.
afp/rber
Virulence des propos sur internet
Pour l'association, la longueur des débats a contribué non seulement à l'augmentation d'actes à signaler mais également à un sentiment de ras-le-bol des victimes, qui ont alors davantage témoigné.
C'est principalement sur l'internet que la libération de la parole homophobe a eu lieu, dénonce l'association: cette année, le nombre de témoignages reçus a doublé par rapport à l'an passé preuve de la "violence des propos qui ont pu circuler sur la Toile".
L'association pointe également une forte hausse du "mal de vivre" des homosexuels, qui au fur et à mesure des débats sur le mariage pour tous se sont sentis "offensés", "blessés par les propos tenus y compris au Parlement".