Modifié

Le témoin clé dans l'affaire Cahuzac dénonce des menaces anonymes

Le siège de la banque Reyl & Cie à Genève.
Un ancien associé de la banque Reyl dénonces des menaces suite à sa collaboration avec la justice française.
Pierre-Condamin Gerbier, ancien cadre de la banque Reyl, établissement où le compte non déclaré de Jérôme Cahuzac a été découvert, dit être la cible de menaces anonymes et d'une campagne de diffamation. Depuis la mi-février, le gérant de fortune a témoigné à quatre reprises devant la justice française.

Ancien associé-gérant de Reyl Private Office de 2006 à 2010, Pierre-Condamin Gerbier était en charge des besoins quotidiens des clients les plus fortunés: du conseil fiscal et patrimonial, à la gestion de leurs voitures de luxe. Parfaitement au fait de certains dossiers et de certaines pratiques de la maison Reyl, il a déjà témoigné à quatre reprises devant la justice française: la police et les douanes judiciaires et enfin le juge parisien Renaud Van Ruymbeke qui instruit le dossier Cahuzac.

Pierre Condamin-Gerbier dénonce les pressions dont il est aujourd'hui la cible: "mon témoignage fait certainement peur quand je vois quelles sont les tentatives d'intimidation qui ont été faites: des menaces sur mon intégrité physique et celle de ma famille, et une opération de diffamation systématique auprès de l'ensemble de mes contacts personnels et professionnels". Il précise que ces pressions sont "pilotées à distance, donc anonymes", et dit avoir l'intention de porter plainte.

Motivation renforcée par les menaces

"Je crois qu'il y a deux types de personnes derrière ces menaces. Il y a des gens qui ne sont  pas d'accord avec ma démarche et il y a des gens qui sont encore acteurs du dossier concerné (Cahuzac, ndlr) et d'autres dossiers qui ne manqueront pas d'être mis en lumière à l'avenir. Mais je peux vous dire que plus on essaye de m'intimider, plus cela renforce ma motivation".

A Paris, le juge Van Rymbeke poursuit son instruction. Le magistrat a sollicité le parquet pour obtenir une extension de ses investigations à d'éventuels autres fraudeurs du fisc qui détiendraient ou auraient détenu des comptes non déclarés au sein de l’établissement Reyl. Le 18 avril dernier, il a longuement interrogé Pierre-Condamin Gerbier.

"Le juge Van Ruymbeke s'intéresse à différentes pratiques, qu'elles concernent des gens dont le profil est public (politiques, sportifs, artistes) et d'autres moins connus. Son filet est très large. Il s'aperçoit que ce dossier a de très nombreuses ramifications et il est évident qu'il ne s'intéressera pas qu'au tronc de l'arbre, mais à l'ensemble des branches".

Sollicité par la RTS, l’établissement Reyl & cie répond par courriel ne pas vouloir commenter "ce type d’allégations".

Agathe Duparc

Publié Modifié

Prêt à livrer des noms

L'ancien cadre de Reyl affirme n'avoir pour l'instant livré aucun nom, mais se dit prêt à le faire.

"Si la justice française m'interroge sur des pratiques qui me semblent inacceptables concernant des politiques français de gauche comme de droite, concernant des gens au profil public très affirmé dans l'environnement français et qui sont en même temps donneurs de leçons d'un côté de la frontière et acteur du système qu'ils dénoncent de l'autre, alors oui je le ferais".

"Ma motivation n'est pas de dénoncer un établissement ou des individus, mais de dénoncer une hypocrisie de la classe politique française", ajoute-t-il.

Jérôme Cahuzac a rapatrié son argent

L'ex-ministre français du Budget Jérôme Cahuzac a déclaré avoir rapatrié en France l'argent qu'il détenait à l'étranger sans l'avoir déclaré.

"Sachez que j'ai fait procéder au rapatriement des montants litigieux. Ils sont en France à la disposition de la justice. Je paierai ma dette. Et je ferai don du reliquat, s'il existe, à des oeuvres caritatives de l'arrondissement de Villeneuve", a déclaré Jérôme Cahuzac dans un entretien au quotidien toulousain "La Dépêche du Midi".