De violents affrontements ont opposé vendredi toute la journée les forces de l'ordre à des manifestants dans le centre d'Istanbul, faisant des dizaines de blessés, à la suite d'un rassemblement dirigé contre un projet d'urbanisation controversé qui a viré en protestation antigouvernementale.
Les incidents ont débuté dès l'aube, lorsque des policiers ont délogé à l'aide de canons à eau et de gaz lacrymogènes quelques centaines de personnes qui campaient dans un parc de la place Taksim, au coeur de la mégapole turque, pour empêcher le déracinement de 600 arbres.
Mobilisation de la société civile
Violente, l'intervention a fait de nombreux blessés et suscité la mobilisation de toute la société civile stambouliote, dont de nombreux militants ont grossi les rangs des protestataires au fil de la journée.
Jusqu'à la tombée de la nuit, la police et les manifestants se sont affrontés sur la place et dans les rues environnantes, au milieu de nombreux touristes et d'une épaisse fumée toxique qui a contraint les autorités à fermer plusieurs stations de métro.
Une soixantaine d'interpellations
Des nombreux manifestants ont été blessés, victimes de fractures ou de détresse respiratoire, certains gisant inconscients de longues minutes avant d'être secourus.
Selon le gouverneur de la ville Huseyin Avni Mutlu, une douzaine de personnes étaient toujours hospitalisées en fin de journée, dont une femme victime d'une fracture du crâne, et une soixantaine de personnes ont été interpellées.
afp/ptur
Washington rappelle à l'ordre son allié turc
Washington a exceptionnellement condamné la répression de la manifestation par la police d'Istanbul. "Nous sommes préoccupés par le nombre de gens qui ont été blessés lorsque la police a dispersé les manifestants à Istanbul", a critiqué la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki.
"Le meilleur moyen de garantir la stabilité, la sécurité et la prospérité de la Turquie, c'est de respecter les libertés d'expression, d'association et de rassemblement telles que ces personnes visiblement les exerçaient", a poursuivi la responsable américaine. "Ces libertés sont vitales à toute démocratie saine", a encore averti Jennifer Psaki.