Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a esquissé vendredi un geste d'apaisement envers les manifestants qui réclament depuis huit jours sa démission dans la rue.
Très ferme contre les "vandales et les "extrémistes" devant ses partisans lors de son retour en Turquie dans la nuit (lire: Fermeté du Premier ministre turc face aux manifestants), le chef du gouvernement s'est montré un peu plus conciliant dans l'après-midi lors d'une conférence sur l'Europe à Istanbul, en se déclarant prêt à entendre toutes les "revendications démocratiques".
La Bourse d'Istanbul a immédiatement salué ce changement de ton en clôturant sa séance de vendredi en hausse de plus de 3%.
Réprimandes européennes
Avant sa prise de parole, le commissaire européen à l'Élargissement Stefan Füle à lancé à son hôte que "le recours excessif à la force n'[avait] pas sa place dans une démocratie".
Stefan Füle a aussi demandé une enquête "rapide et transparente" sur les violences policières, assurant toutefois que la fronde qui agite la Turquie n'aurait pas d'impact sur son processus d'adhésion à l'Union européenne, paralysé depuis des années.
La chancelière allemande Angela Merkel a quant à elle insisté sur la nécessité de "discuter des problèmes avec les jeunes du pays", et exigeant qu'aucune "violence ne soit exercée contre les manifestants".
afp/ptur
La mobilisation ne faiblit pas
Vendredi soir, l'emblématique place Taksim d'Istanbul était à nouveau occupée par les manifestants, comme les soirs précédents. "Nous ne partirons pas", a assuré Murat Tepe, un styliste de mode de 36 ans.
"Les gens vont continuer à venir", a-t-il pronostiqué, "nous n'avons peur de rien, avant tout le monde craignait de parler, maintenant c'est fini".
Grâce à une collecte sur Internet qui a permis de récolter 102'000 dollars, les contestataires se sont même offert vendredi une pleine page de publicité dans le New York Times dans laquelle ils exigent "la fin des brutalités policières" et dénoncent "l'érosion constante de nos droits civiques et de nos libertés".