Un employé de 29 ans d'un sous-traitant américain de la défense est la source qui a révélé au Guardian des informations confidentielles sur les programmes de surveillance des communications menés par les Etats-Unis, a annoncé dimanche le quotidien britannique.
Ex-technicien à la CIA, l'homme travaillait depuis quatre ans à l'Agence de sécurité nationale (NSA) - dont il a révélé des documents confidentiels - en tant qu'employé de divers sous-traitants, dont Dell ou Booz Allen Hamilton, son dernier employeur.
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Sous couverture en Suisse
Le Guardian indique révéler l'identité de sa source à sa demande. "Je n'ai aucune intention de me cacher parce que je sais que je n'ai rien fait de mal", déclare le "whistleblower" dans un entretien publié sur le site internet du journal.
Le descriptif du parcours de ce quasi-trentenaire révèle qu'il a travaillé à Genève en 2007 pour le compte de la CIA. Il a été envoyé en Suisse sous une couverture diplomatique. Sa responsabilité de maintenir la sécurité du système informatique lui donne un vaste accès à des documents hautement confidentiels.
L'homme dénonce notamment les méthodes auxquelles avaient recours les agents de la CIA pour percer le secret bancaire en recrutant des banquiers.
"Ce que j'ai vu à Genève a brisé toutes mes illusions"
Selon lui, ils auraient fait boire un banquier suisse avant de l'encourager à prendre sa voiture. Arrêté pour conduite en état d'ivresse, ce dernier aurait été aidé par un agent, ce qui l'aurait incité à coopérer.
"Ce que j'ai vu à Genève a brisé toutes mes illusions sur le fonctionnement de mon gouvernement", raconte-t-il. "J'y ai pris conscience que je faisais partie de quelque chose qui faisait beaucoup plus de mal que de bien."
mren/ptur
Réfugié à Hong Kong
L'informateur affirme ne pas craindre les conséquences d'une médiatisation, mais redouter qu'elle ne détourne l'attention publique des problèmes soulevés par ses révélations.
"Je veux que l'on se concentre sur ces documents et sur le débat qui, je l'espère, naîtra chez les citoyens", dit-il dans la presse britannique.
Conscient des conséquences probables de son geste, l'homme se résigne: "toutes mes options sont mauvaises".
Le "whistleblower" s'est réfugié à Hong Kong avant ses révélations il y a trois semaines, et n'en a pas bougé depuis.
Selon lui, les Etats-Unis pourraient entamer une procédure d'extradition contre lui. Il pourrait aussi devoir être entendu par le gouvernement chinois.
Enquête ouverte aux Etats-Unis
Dans un entretien accordé à ABC News, le directeur du renseignement américain a annoncé dimanche qu'une enquête avait été ouverte pour découvrir l'origine des révélations.
"J'espère que nous serons à même de retrouver qui fait cela, parce que cela cause de grands dommages à la sécurité de notre pays", avait déclaré James Clapper.