Nouvelle nuit d'échauffourées en Turquie après l'évacuation du parc Gezi
Face au retour d'un ton ferme des autorités et une nouvelle intervention policière à grand renfort de gaz lacrymogènes et de canons à eau dans le parc Gezi, les manifestants sont redescendus dans les rues d'Istanbul. Des barricades ont été érigées et des poubelles incendiées dans plusieurs quartiers d'Istanbul. (Lire: Erdogan fait évacuer de force le dernier bastion des manifestants à Istanbul)
La télévision locale a montré des groupes de manifestants bloquant la principale voie rapide menant à l'aéroport international Ataturk.
Plusieurs milliers de personnes ont également occupé les rues du quartier populaire de Gazi. A Ankara, des manifestants se sont rassemblés dans le parc Kugulu au centre de la capitale et ont été rejoints par des parlementaires de l'opposition.
Appels à la grève
Cette reprise des heurts intervient alors que le principal syndicat de la fonction publique, Kesk, qui compte quelque 240'000 membres, a appelé à une journée de grève nationale lundi.
Depuis le début de la contestation, les violences ont fait quatre morts et 5000 blessés, indique l'association médicale turque.
reuters/mre
Que contient l'eau des canons?
De nombreux manifestants se sont plaints de brûlures après avoir été touchés par les jets d'eau des canons de la police.
Un journaliste du New York Times raconte avoir discuté avec une femme dont la peau avait été attaquée par "une eau additionnée des produits chimiques".
Correspondant du Monde à Istanbul, Guillaume Perrier a confirmé l'effet de l'eau utilisée par la police:
a tous ceux qui me posent la question, je ne sais pas ce que contient l'eau des canons des blindés turcs mais en effet, ça brûle la peau.
— Guillaume Perrier (@Aufildubosphore) June 15, 2013
"Ecraser ses adversaires"
L'intervention des forces de l'ordre samedi soir a surpris beaucoup de manifestants car elle est intervenue peu de temps après la nouvelle allocution d'Erdogan.
Elle a d'autant plus surpris que dans la journée le président Abdullah Gül avait adopté un ton beaucoup plus conciliant, affirmant que les négociations progressaient entre le gouvernement et les contestataires. Mais lors du premier des deux rassemblements du Parti de la Justice et du Développement (AKP) prévus ce weekend, Erdogan a repris un ton véhément, affirmant devant plusieurs dizaines de milliers de partisans à Ankara qu'il écraserait ses adversaires lors des prochaines élections.
C'est une intervention musclée de même nature dans le parc Gezi il y a deux semaines qui avait provoqué la contestation populaire.
La manifestation, qui visait à l'origine un projet d'aménagement urbain dans le seul espace vert du centre-ville, s'est transformée en critique de l'autoritarisme d'Erdogan.