Les dirigeants des grandes puissances du G8 réunis en Irlande du Nord vont tenter mardi de porter un nouveau coup aux paradis fiscaux. Priorité du Premier ministre britannique David Cameron, la lutte contre l'évasion fiscale est le point fort de la seconde journée de ce sommet.
David Cameron n'accueille pas ses hôtes les mains vides. Il peut se targuer d'avoir obtenu samedi des dix territoires d'outre-mer britanniques et dépendances de la Couronne, souvent des paradis fiscaux notoires comme les Bermudes ou les îles Caïmans, qu'ils rejoignent la convention multilatérale sur l'échange d'informations fiscales.
Les pays du G8 mis en cause
"C'est un pas important, maintenant il faut que les autres pays du G8 mettent aussi de l'ordre chez eux", estime Elisa Bacciotti, de l'organisation non gouvernementale Oxfam.
Venue suivre le sommet, elle souligne que le G8, "ce sont plus de quinze paradis fiscaux autour de la table", avec les territoires britanniques, mais aussi Monaco et Andorre pour la France ou l'Etat américain du Delaware.
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agences/rber
Trusts exclus pour l'heure
Selon des sources proches des négociations, les "trusts", ces entités juridiques anglo-saxonnes devenues le symbole des trous noirs de la finance mondiale, devraient être pour l'instant exclus de ces efforts de transparence, malgré les déclarations de bonnes intentions. Les bénéficiaires de certains placements offshore pourront donc continuer à s'abriter derrière ces paravents.
Le G8 doit enfin apporter son soutien aux travaux de l'OCDE pour éviter, à l'avenir, que les multinationales aux activités florissantes échappent à l'impôt grâce à des stratégies d'optimisation fiscale particulièrement complexes.
Convention multilatérale de l'OCDE
La convention multilatérale, sous la houlette de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), semble fédérer un nombre croissant de pays. Des bastions du secret bancaire, comme l'Autriche, le Luxembourg et Singapour, se sont engagés en mai à signer le texte. La Chine s'apprête à le faire.
La Suisse a apporté lundi son soutien à l'OCDE pour définir une "norme mondiale" en matière d'échange automatique d'informations bancaires et fiscales.
Registres publics réclamés
Les ONG réclament des registres publics, mais la question fait débat parmi les grandes puissances. Le président américain Barack Obama "n'acceptera pas, pour protéger le Delaware", déplore un négociateur international.
In fine, certains dirigeants du G8 pourraient annoncer la mise en place d'un registre national, réservé toutefois à leur administration fiscale et pas accessible à l'opinion publique.