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Le point sur le cas Edward Snowden, pourchassé par les Etats-Unis

Edward Snowden a quitté Hong Kong ce dimanche matin. [Jerome Favre - EPA]
Edward Snowden a quitté Hong Kong dimanche matin pour Moscou. - [Jerome Favre - EPA]
Alors qu'Edward Snowden aurait quitté Hong Kong avec des papiers délivrés par l'Equateur, retour sur l'affaire impliquant l'ex-agent de la CIA qui a dévoilé les pratiques de l'espionnage américain.

Pourchassé mais introuvable

Le siège que devait occuper Edward Snowden pour se rendre à La Havane. [KEYSTONE - AP Photo/Max Seddon]
Le siège que devait occuper Edward Snowden pour se rendre à La Havane. [KEYSTONE - AP Photo/Max Seddon]

Edward Snowden, l'ex-consultant de la CIA accusé d'espionnage par Washington et dont le passeport a été confisqué par les Etats-Unis,

s'était réfugié à Hong Kong

début juin après ses révélations.

Selon plusieurs sources, il serait arrivé dimanche à Moscou, mais les autorités russes ont nié le fait qu'il soit passé sur sol russe. Il a en outre demandé l'asile politique en Equateur. Il devait rejoindre le pays lundi via Cuba mais ne se trouvait pas dans le vol où il était enregistré. Il reste pour l'heure introuvable.

Il a quitté Hong Kong dimanche avec "des papiers de réfugié" délivrés par l'Equateur, selon le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, sans préciser où l'Américain se trouvait.

Julian Assange a ajouté que le processus pour obtenir l'asile comportait "plusieurs étapes". Edward Snowden  pourrait être encore à Moscou.

"La chasse est lancée", a lancé dimanche Dianne Feinstein, présidente de la commission du Renseignement du Sénat américain. S'adressant à la Chine et la Russie, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a jugé qu'il serait "profondément troublant" que les demandes d'extradition aient été ignorées, des déclarations que les deux pays ont critiquées.

Quant au président américain, Barack Obama, il a déclaré lundi que les Etats-Unis utilisaient toutes les voies légales pour arrêter l'ancien consultant Edward Snowden.


Pourquoi l'Equateur comme terre d'asile?

Le 19 juin 2012, le fondateur de WikiLeaks Julien Assange s'était réfugié à l'ambassade d'Equateur à Londres, redoutant aussi une extradition vers les Etats-Unis. Une année après, Edward Snowden choisit la même destination. Pourquoi?

Le ministre équatorien des Affaires étrangères Ricardo Patino en compagnie de Julian Assange, le 16 juin dernier à Londres. [KEYSTONE - AP Photo/Frank Augstein]
Le ministre équatorien des Affaires étrangères Ricardo Patino en compagnie de Julian Assange, le 16 juin dernier à Londres. [KEYSTONE - AP Photo/Frank Augstein]

Outre l'explication officielle - le ministre des Affaires étrangères Ricardo Patino se pose en défenseur de la "liberté d'expression" -, l'Equateur trouve d'autres avantages à soutenir les deux cybermilitants.

Le petit pays profite de l'occasion pour faire une démonstration de son anti-impérialisme et de gagner en influence auprès de ses voisins socialistes ainsi qu'en sympathie auprès de sa population, note Le Figaro.

Le Monde remarque aussi que c'est un Etat qui ose dire "non" aux Etats-Unis, rappelant le refus en 2007 du président Rafael Correa lorsque les Etats-Unis voulaient prolonger leur autorisation d'avoir une base militaire sur le sol équatorien.


Le rôle de WikilLeaks

Le site WikiLeaks fondé par Julian Assange a annoncé qu'il a assisté Edward Snowden pour sortir de Hong Kong et pour faire sa demande d'asile "vers un pays démocratique". Des juristes de WikiLeaks, dont Sarah Harrison, une conseillère de Julian Assange, l'accompagnent tout au long de son voyage.

Selon une interview de Julian Assange au New York Times, le groupe a fourni à Edward Snowden un "document spécial de voyage pour réfugié" grâce à l'Equateur. Ce document permet à Edward Snowden de sortir de Hong Kong légalement bien que son passeport américain ait été annulé.


"Les Britanniques pires que les Américains"

C'est lors du sommet du G20 en 2009 que Londres et la NSA américaine auraient espionné les délégués. [KEYSTONE - Matt Dunham]
C'est lors du sommet du G20 en 2009 que Londres et la NSA américaine auraient espionné les délégués. [KEYSTONE - Matt Dunham]

Les services britanniques de renseignement ont un accès à des câbles à fibres optiques qui en font un

acteur majeur dans la surveillance des communications mondiales

, selon des documents publié samedi 21 juin dans le Guardian.

Ils sont pires que les Américains", a-t-il déclaré à propos du Quartier général des communications du gouvernement (GCHQ), service britannique des écoutes. Le GCHQ a quant à lui assuré respecter "scrupuleusement" la loi. (lire encadré)

Quelques jours plus tôt, des documents révélés par Edward Snowden montraient que Londres aurait espionné les délégués du G20 lors des réunions d'avril et septembre 2009. Des faux cafés internet auraient été installés pour intercepter les communications des délégués. Lire aussi: Londres aurait espionné les délégués du G20 lors du sommet de 2009


Des millions de SMS chinois interceptés

Le South China Morning Post a révélé les détails de l'espionnage américain en Chine. [KEYSTONE - AP Photo/Kin Cheung]
Le South China Morning Post a révélé les détails de l'espionnage américain en Chine. [KEYSTONE - AP Photo/Kin Cheung]

Les compagnies de téléphones portables chinoises ont été piratées par le gouvernement américain pour recueillir des millions de messages SMS, a affirmé samedi Edward Snowden dans le South China Morning Post.

Les Etats-Unis auraient également piraté l'université Tsinghua à Pékin et l'opérateur de fibres optiques pour l'Asie-Pacifique Pacnet, qui gère un des plus grands réseaux de fibres optiques de la région Asie-Pacifique.

Valentin Tombez

L'état des lieux sur notre carte

En vert, les dernières révélations sur le programme d'espionnage; en rouge, les actions et réactions des Etats et organisations concernées; en bleu, les possibilités d'asile évoquées pour Edward Snowden.

Lien vers la carte en grand format

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Le fonctionnement des écoutes britanniques

Le Quartier général des communications du gouvernement (GCHQ) intercepte une grande partie du trafic entrant et sortant d'Angleterre grâce à un accès aux câbles transatlantiques à fibres optiques, par des "accords secrets" avec des entreprises privées.

Après un tri automatique, les données récoltées sont stockées pendant trois jours en ce qui concerne le contenu et jusqu'à 30 jours pour les "métadonnées", c'est-à-dire ce qui entoure le contenu (d'où le message a été envoyé, qui l'a envoyé, à qui il est adressé, etc.).

L'agence britannique a accès à plus de 200 câbles à fibres optiques et peut traiter 600 millions de communications téléphoniques chaque jour et plus de 10 gigabites de données électroniques par seconde.

L'opération, nommée "Tempora", aurait commencé il y a 18 mois, rapporte le Guardian. Celui-ci indique aussi que le GCHQ travaille en étroite collaboration avec la NSA, qui aurait accès aux données de "Tempora".