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L'Europe exige des explications sur des allégations d'espionnage américain

Depuis le mois de juin, les révélations de cet ancien consultant de la NSA ont provoqué une vive polémique aux Etats-Unis et dans le monde sur les atteintes aux libertés publiques et à la vie privée. [Charles Dharapak]
Le siège de l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA), à Fort Meade, au Maryland. - [Charles Dharapak]
Après les révélations sur le programme d'espionnage américain, l'Union Européenne (UE) et les gouvernements européens ont demandé des explications à Washington. Les réactions sont particulièrement vives en Allemagne, principale victime de ces pratiques.

Les Européens ont exigé dimanche des explications sur le programme d'espionnage américain qui aurait également visé les institutions de l'UE, selon le magazine allemand "Der Spiegel". Ces dernières révélations pourraient encore compliquer les relations transatlantiques.

Selon l'hebdomadaire, le programme d'espionnage PRISM de l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA) aurait visé des représentations de l'Union européenne à Washington et à l'ONU, voire à Bruxelles même. Le Spiegel fonde ses accusations sur des documents confidentiels dont il a en partie pu avoir connaissance grâce à l'ancien consultant de la NSA Edward Snowden.

"Nous avons pris contact immédiatement avec les autorités américaines à Washington et à Bruxelles et les avons mises face aux informations de presse. Elles nous ont dit qu'elles vérifiaient l'exactitude des informations publiées hier et qu'elles reviendraient vers nous", a annoncé dimanche la Commission européenne dans un communiqué.

L'Allemagne, principale cible de la NSA

Les Etats-Unis interceptent chaque mois en Allemagne quelque 500 millions de communications, par téléphone ou internet, et près de dix fois moins en France, écrit dimanche le journal allemand Der Spiegel.

L'Allemagne, qui héberge des bases militaires américaines, est décrite dans ce document comme un partenaire de "troisième classe", ce qui lui vaut d'être le pays de l'Union européenne le plus surveillé, à un niveau comparable à la Chine, l'Irak ou l'Arabie saoudite.

Des documents révélant le programme PRISM

Par ailleurs, le Washington Post a publié le samedi 29 juin de nouvelles informations liées au programme PRISM, qui permet aux agences de renseignement américaines d'accéder aux données de neuf sociétés actives dans le domaine de l'internet (e-mails et autres informations).

Il s'agit d'une série de quatre documents présentant la manière d'interagir de la NSA et du FBI avec ces entreprises. Ces feuilles exposent le processus d'analyse des données que suivent les renseignements américains.

Julian Assange s'exprime aussi

De son côté, le fondateur controversé du site WikiLeaks, Julian Assange, a dénoncé dimanche la "rhétorique" des responsables américains pour qui les révélations faites par Edward Snowden, l'ex-consultant de la NSA, mettent des vies en danger.

Interrogé sur la chaîne américaine ABC depuis l'ambassade d'Equateur à Londres où il est réfugié, Julian Assange s'est élevé contre l'affirmation du secrétaire d'Etat John Kerry et d'autres responsables américains selon qui "des gens risquent de mourir à la suite de ce que cet homme (Snowden, ndlr) a fait".

>> A lire aussi : Révélations sur la NSA retirées après publication par The Guardian

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L'Allemagne demande des explications

L'Allemagne a réclamé des comptes. "Il faut que du côté américain, on nous explique immédiatement et en détail si ces informations de presse à propos d'écoutes clandestines totalement disproportionnées par les Etats Unis dans l'Union européenne sont exactes ou non", a déclaré la ministre de la justice Sabine Leutheusser-Schnarrenberger dans un communiqué.

Dès samedi soir, le président du Parlement européen, Martin Schulz, avait estimé que "si cela se confirme, il s'agit d'un immense scandale". "Cela nuirait considérablement aux relations entre l'UE et les Etats-Unis".

Paris veut aussi des éclaircissements

"La France a demandé aujourd'hui des explications aux autorités américaines au sujet des informations dévoilées par l'hebdomadaire allemand Der Spiegel", a indiqué Laurent Fabius, chef de la diplomatie française, dans un communiqué. "Ces faits, s'ils étaient confirmés, seraient tout à fait inacceptables", a-t-il ajouté.

Le responsable du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon et l'eurodéputé vert Daniel Cohn-Bendit ont pour leur part exigé la rupture "immédiate" des négociations sur un traité de libre-échange entre l'UE et les Etats-Unis, qui viennent d'être lancées.

"Entre partenaires, on n'espionne pas!"

La commissaire européenne à la Justice Viviane Reding a assuré dimanche qu'"entre partenaires, on n'espionne pas", remettant en cause la négociation d'un accord de libre-échange transatlantique si le doute n'était pas levé sur les allégations d'espionnage de l'UE par les Etats-Unis.

"Entre partenaires, on n'espionne pas! On ne peut pas négocier sur un grand marché transatlantique s'il y a le moindre doute que nos partenaires ciblent des écoutes vers les bureaux des négociateurs européens", a déclaré la commissaire européenne.

Washington "va répondre par voie diplomatique" à l'UE

Les Etats-Unis "vont répondre de façon appropriée" par les canaux diplomatiques aux demandes d'explication de l'Union européenne, après la révélation par un magazine allemand d'un programme d'espionnage américain visant l'UE, a annoncé dimanche la Direction nationale du renseignement (ODNI) américain.