S'adressant à la télévision mardi soir sur un ton combatif, le président islamiste Mohamed Morsi a martelé qu'il "continuerait à assumer la responsabilité du pays", présentant sa "légitimité" comme "la seule garantie contre l'effusion de sang" et répondant ainsi implicitement à ceux qui estiment que son départ permettrait de résoudre les tensions qui secouent l'Egypte.
Il a aussi mis en garde contre le "piège" d'une violence "sans fin". Peu avant sur son compte Twitter officiel, il avait appelé les forces armées à "retirer leur avertissement" et refusé tout "diktat", en référence à l'ultimatum militaire, assimilé par ses partisans à un coup de force pour le faire partir. L'ultimatum de l'armée expire mercredi à 17h00.
"Feuille de route" de l'armée
En cas d'échec de son ultimatum, l'armée a indiqué qu'elle établirait elle-même une "feuille de route" pour résoudre la crise, mais a assuré qu'elle ne voulait pas préparer un "coup" de force.
Le journal officiel Al Ahram croit savoir que cette "feuille de route" prévoit une période de transition de neuf à douze mois sous la direction d'un "gouvernement intérimaire neutre" avec à sa tête un militaire. Une nouvelle Constitution serait élaborée pendant cette période, préalable à des élections présidentielle et législatives.
Une source militaire a toutefois démenti ces informations et déclaré que l'armée inviterait au préalable des personnalités politiques, sociales et économiques pour discuter de sa vision.
Pas d'entente en vue
Le Front de salut national (FSN), principal bloc de l'opposition libérale, laïque et de gauche, a vu dans le discours de Mohamed Morsi un "appel public à la guerre civile". Le mouvement Tamarrod (rébellion), à l'origine de la mobilisation anti-Morsi, a réclamé que le chef de l'Etat soit arrêté par la garde républicaine et déféré devant un tribunal.
Le peuple égyptien ne restera pas sans réaction face à la "rébellion militaire", a affirmé de son côté un des principaux dirigeants des Frères musulmans. "La liberté est plus importante que la vie", selon Essam el Erian, vice-président du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), la branche politique de la confrérie.
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afp/vtom
Au moins 23 tués au Caire
Dans la nuit, au moins 16 personnes ont péri dans une attaque contre un rassemblement d'islamistes pro-Morsi près de l'université du Caire, a annoncé le ministère de la Santé. Le bilan de l'attaque fait état de plus de 200 blessés.
Sept autres personnes ont été tuées lors d'affrontements ailleurs dans la capitale. En une semaine de manifestations, les violences ont fait 47 morts.
Nombreux cas d'agressions sexuelles à Tahrir
Human Rights Watch (HRW) a fait état mercredi de 91 cas d'agressions sexuelles au moins commises en quelques jours sur la place Tahrir et ses environs au Caire en marge des manifestations contre le président Morsi.
Certaines de ces agressions ont tourné au viol, affirme l'ONG sur la base d'informations recueillies par des associations locales luttant contre ce phénomène, devenu récurrent en marge des manifestations en Egypte.
Le scénario le plus souvent décrit par les victimes est celui d'un groupe de jeunes hommes "qui repère une femme, l'encercle, la sépare de ses amis", avant de l'agresser, de lui arracher ses vêtements ou de la violer.