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L’ancien financier de la banque Reyl livre des noms à la justice française

Le siège de la banque Reyl & Cie à Genève.
Un ancien associé de la banque Reyl dénonce des menaces suite à sa collaboration avec la justice française.
Lors de son audition par la justice française mardi, l'ancien cadre de la banque Reyl et témoin clé de l'affaire Cahuzac, Pierre Condamin-Gerbier, a décrit les activités du richissime entrepreneur Alexandre Allard.

Pierre Condamin-Gerbier a été entendu mardi pendant près de huit heures par les juges parisiens Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire, chargés depuis quelques semaines d’une instruction "pour blanchiment de fraude fiscale" concernant la société genevoise Reyl & Cie.

Selon les informations de la RTS et de Mediapart, l'ex-cadre de la banque a fourni des indications précises sur la manière dont Reyl & Cie a aidé, en 2007, le richissime entrepreneur Alexandre Allard à rapatrier ses fonds en France - quelques centaines de millions de dollars placés entre la Suisse et le Luxembourg - après plusieurs années d’exil fiscal. Le but étant de "minimiser" cette fortune, via de complexes montages afin de la réinvestir en France. Avec à la clé, la perspective de payer moins d’impôts sur le revenu et les plus-values.

"La Royale"

Pierre Condamin-Gerbier. [Radio France - Benoît Collombat]
Pierre Condamin-Gerbier. [Radio France - Benoît Collombat]

En 2008, Alexandre Allard a ainsi pu racheter un vieux palace parisien, le Royal Monceau. Puis, il a jeté son dévolu sur l’hôtel de la Marine – l’ancien garde-meuble du roi situé place de la Concorde – qu’il voulait transformer en un haut lieu de la culture.

Ce projet à 200 millions d’euros baptisé La Royale n’a finalement pas abouti. Mais selon le témoignage livré aux enquêteurs par Pierre Condamin-Gerbier, il aurait attentivement été suivi par le ministre du Budget Eric Woerth et en dernier lieu par le président Nicolas Sarkozy. Eric Woerth aurait alors tout fait pour faire passer ce dossier "d'optimisation fiscale" auprès de ses services.

L’ancien cadre de Reyl a également cité, avec plus de prudence, le nom de l’actuel ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, comme détenteur d’éventuels avoirs non déclarés au nom de sa famille. L’établissement Reyl n’est pas en cause sur ce point.

Agathe Duparc

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Reyl dément

Dans un communiqué, la banque suisse Reyl et Cie a démenti jeudi "formellement l'ensemble des accusations diffusées dans les médias en France et en Suisse à son encontre au cours des dernières 48 heures".

Et de réitérer "avec force les termes de son communiqué du 14 juin, selon lequel il n'a aucun résident français exerçant ou ayant exercé des charges politiques en France parmi ses clients", ajoute le communiqué.