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L'état du réseau ferroviaire français pointé du doigt

La vétusté du réseau ferroviaire français est mis en cause dans l'accident. [AP/Keystone - Thibault Camus]
La vétusté du réseau français mise en question / Forum / 6 min. / le 13 juillet 2013
Le point sur l'enquête après le déraillement d'un train près de Paris vendredi, un drame qui a fait six morts. Si la piste d'une défaillance technique de l'aiguillage est privilégiée, la vétusté du réseau ferroviaire français est surtout critiquée.

L'hypothèse privilégiée

La défaillance d'une pièce d'aiguillage est la piste privilégiée pour expliquer le déraillement d'un train vendredi près de Paris, qui a fait six morts et plusieurs blessés graves. C'est une pièce d'acier de dix kilogrammes dans le système d'aiguillage, à 200 mètres en amont de la gare de Brétigny-sur-Orge, qui est pointée du doigt.

"Cette éclisse", sorte d'agrafe fixé avec quatre boulons qui relie deux rails, "s'est désolidarisée, elle s'est détachée, elle est sortie de son logement", a déclaré la SNCF. Elle "est venue se loger au centre de l'aiguillage, et à cet endroit elle a empêché le passage normal des roues du train et elle aurait provoqué le déraillement du train".

Les pistes écartées

Les autres pistes semblent s'éloigner, notamment celle d'une fragilisation de la structure liée à des travaux récents dans la zone et surtout celle de l'erreur humaine. Le train, qui transportait 385 voyageurs, roulait à 137 km/heure, soit sous les 150 km/h autorisés à cet endroit.

Par ailleurs, des travaux ont été récemment menés à proximité immédiate de la catastrophe pour remédier à "un défaut majeur". Mais la SNCF a assuré qu'ils ne concernaient pas la voie où s'est produit l'accident.

Le ministre des Transports Frédéric Cuvillier a lui rendu hommage au conducteur, qui a déclenché l'alerte immédiatement, ce qui a évité la collision avec un train qui venait dans le sens inverse et qui aurait pu percuter les voitures qui déraillaient.

L'état du réseau critiqué

De l'avis général des experts, le réseau ferroviaire français s'est très fortement dégradé depuis trente ans en raison notamment de la priorité donnée aux trains à grande vitesse. Le ministre des Transports a d'ailleurs pointé l'obsolescence des infrastructures ferroviaires françaises: "Le constat est sévère, avec une dégradation ces dernières années faute de moyens consacrés aux lignes classiques".

Dans un audit datant de 2005, l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne tirait déjà la sonnette d'alarme face à la dégradation continue des voies ferrées. Faute d'entretien, 60% des lignes devaient être inutilisables en 2025, selon ce rapport.

"On a privilégié le TGV au lieu de penser au réseau secondaire, les lignes qui rendent service", a accusé l'association des voyageurs-usagers du chemin de fer, fustigeant les "trains poubelles".

Vétusté et sécurité

Si tous les acteurs du système ferroviaire s'accordent sur la dégradation du réseau, ils assurent de manière unanime qu'il n'y a pas de lien direct entre la vétusté des voies et d'éventuels problèmes de sécurité.

"Le fait d'avoir un réseau vétuste nous force à prendre des mesures de sécurité supplémentaires", explique-t-on du côté des autorités.

L'aiguillage en cause a en outre ait l'objet d'un contrôle de sécurité le 4 juillet, selon la SNCF. Et une demi-heure avant la catastrophe, un autre train est passé à cet endroit sans qu'aucune anomalie ne soit relevée. Quant aux wagons et à la locomotive, ils étaient "à jour de toute vérification".

Les mesures

Cet accident intervient alors que le réseau ferré commence à être rénové. Entre 2008 et 2015, 13 milliards d'euros ont été consacrés à son entretien et sa modernisation. Cette politique permet le renouvellement de 1000 km de lignes par an sur les 30'000 km que compte le réseau.

Coïncidence, ce drame est survenu trois jours après l'annonce par le gouvernement français de ses projets d'investissements dans le domaine ferroviaire avec une volonté de redonner la priorité au réseau existant et d'abandonner la politique du tout TGV

La SNCF a en outre annoncé le contrôle des 5000 pièces semblables à celle de l'aiguillage de son réseau.

boi avec agences

Voir aussi la galerie photos de l'accident:

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Les derniers drames

- 12 juillet 2013: un train Paris-Limoges déraille dans l'Essonne à cause d'un aiguillage défectueux, faisant six morts et plusieurs dizaines de blessés.

- 2 juin 2008: un train assurant la liaison entre Evian et Genève percute un car scolaire à Allinges, dans les Alpes, tuant sept collégiens et faisant 25 blessés.

- 11 octobre 2006: une collision de trains à Zoufftgen (est) fait six morts et 23 blessés. Quatre hommes avaient autorisé le passage d'un train de voyageurs venant du Luxembourg alors qu'un convoi de fret venant de France roulait déjà sur la voie unique.

- 6 novembre 2002: 12 voyageurs d'un train de nuit reliant Paris à Vienne meurent brûlés ou asphyxiés dans l'incendie de leur wagon-lit près de la gare de Nancy (est).

- 8 septembre 1997: 13 morts et 43 blessés à Port-Sainte-Foy (sud-ouest), dans la collision d'un camion de fioul, forçant un passage à niveau, et d'un autorail.

- 17 octobre 1991: 16 morts et 55 blessés dans une collision entre le train auto-couchettes Nice-Paris et un train de marchandises en gare de Melun près de Paris.

- 27 juin 1988: la collision de deux trains de banlieue Gare de Lyon à Paris fait 56 morts et autant de blessés.

- 31 août 1985: le déraillement d'un train, heurté ensuite par un train arrivant en sens inverse, à Argenton-sur-Creuse (centre) provoque la mort de 43 personnes.

- 3 août 1985 : collision frontale - due en partie à une erreur humaine - entre deux trains sur un tronçon à voie unique près de Figeac (sud). On recense 32 morts et plus de 160 blessés.