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Angela Merkel et Peer Steinbrück, portrait croisé des deux rivaux

Angela Merkel et Peer Steinbrück lors du débat télévisé du 1er septembre. [ARD/Max Kohr]
Angela Merkel et Peer Steinbrück lors du débat télévisé du 1er septembre. - [ARD/Max Kohr]
Vie privée, expérience professionnelle, ascension politique, popularité ou liens avec la Suisse, Angela Merkel et Peer Steinbrück ont derrière eux une carrière qui s'est souvent croisée, mais des personnalités plutôt divergentes.

LA VIE PRIVEE

Angela Dorothea Merkel a vu le jour le 17 juillet 1954 à Hambourg, juste avant que sa famille ne parte pour l'Allemagne de l'Est. Née Kasner avec un père pasteur, elle s'est mariée en 1977 avec Ulrich Merkel, un physicien. Elle divorce en 1982, mais conserve le nom de Merkel. Elle s'est remariée en 1998 avec un professeur de chimie, Joachim Sauer. Angela Merkel n'a pas d'enfants. Le couple vit à Berlin.

Peer Steinbrück est né le 10 janvier 1947 à Hambourg de père architecte. Il est mariée à Gertrud, enseignante, et il est père de trois  enfants, deux filles et un fils dans la trentaine. Le couple vit à Bonn.


LA CARRIERE PROFESSIONNELLE

La phrase de campagne: "Angela Merkel dit qu'elle dirige le meilleur (...) gouvernement depuis la Réunification. J'ai rarement autant ri." [AP Photo/dapd, Berthold Stadler - Berthold Stadler]
La phrase de campagne: "Angela Merkel dit qu'elle dirige le meilleur (...) gouvernement depuis la Réunification. J'ai rarement autant ri." [AP Photo/dapd, Berthold Stadler - Berthold Stadler]

Après le lycée,

Angela Merkel

suit des études de physique-chimie. Elle travaille ensuite comme collaboratrice à l'Académie des sciences de Berlin et soutient une thèse en chimie quantique en 1986.

Après son service militaire de 2 ans dans la Bundeswehr, Peer Steinbrück a suivi des cours à l'Université de Kiel, en sciences économiques et sociales. Dès 1974, il travaille au ministère de l'Aménagement du territoire puis au ministère de la Recherche. Il est aussi au service de la Chancellerie, notamment en tant que représentant de l'Allemagne de l'Ouest à Berlin-Est à la fin des années 70.


LA CARRIERE POLITIQUE

Angela Merkel a vécu une ascension politique fulgurante. Proche des milieux d'opposition au communisme et à la RDA, elle finit par rejoindre l'Alliance électorale pour l'Allemagne puis l'Union chrétienne-démocrate (CDU), alors que certains la voyaient plus proche des Verts.

Peer Steinbrück est entré au Parti social-démocrate (SPD) en 1969, mais il occupe sa première fonction d'envergure au milieu des années 80 quand il devient directeur de cabinet du ministre-président de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Il est ensuite ministre de l'Economie en Schleswig-Holstein de 1993 à 1998, puis ministre de l'Economie et ministre des Finances de Rhénanie-du-Nord-Westphalie,  et même ministre-président du Land en 2002. Battu par la CDU, il n'est pas reconduit en 2005. La même année, la CDU remporte les législatives et forme une grand coalition avec le SPD. Peer Steinbrück devient ministre des Finances.


LES LIENS AVEC LA SUISSE

La phrase de campagne: "Le projet (...), ce sont des finances solides, stopper le déficit budgétaire, rembourser les dettes et investir pour l'avenir." [EPA/Sebastian Kahnert]
La phrase de campagne: "Le projet (...), ce sont des finances solides, stopper le déficit budgétaire, rembourser les dettes et investir pour l'avenir." [EPA/Sebastian Kahnert]

Les relations entre

Angela Merkel

et la Suisse ne sont pas très fortes sans être discourtoises. Durant ses 8 ans au pouvoir, elle est venue plusieurs fois, notamment au World Economic Forum. Mais cette période a surtout été marquée par les difficiles négociations fiscales entre les deux pays et un éventuel accord de double imposition. Mais la chancelière laisse surtout son ministre des Finances agir, un ministre qui n'est autre que... Peer Steinbrück. Finalement, l'accord fiscal négocié par la droite au pouvoir a été rejeté fin 2012, par le Bundesrat, dominé par la gauche.

Peer Steinbrück a longtemps été l'homme craint ou détesté en Suisse à cause des négociations fiscales, heurtant à plusieurs reprises la place financière suisse. Incarnant l'opposition la plus fervente au secret bancaire, il a même menacé d'envoyer la "cavalerie" pour faire peur aux "indiens", à savoir traquer les fraudeurs du fisc et les banques qui les y aidaient selon lui. Calmant un peu son propos, le ministre avait toutefois fini par se mettre à table avec le ministre des Finances Hans-Rudolf Merz, pour tenter de trouver un accord. En cas de victoire, il dit vouloir reprendre les négociations.


LA POPULARITE

Après huit ans au pouvoir, Angela Merkel est plus populaire que jamais. La santé économique du pays par rapport à ses voisins lui vaut des louanges de toute part. Sa réputation de femme de fer n'est plus à démontrer et si elle n'est pas omniprésente dans les médias, on l'a dit efficace, déterminée et au-dessus des querelles politiciennes. Elle donne le sentiment de travailler sans relâche et les Allemands voient en elle une figure rassurante. Les critiques les plus vives viennent en fait surtout de l'étranger, notamment des pays où des cures d'austérité ont été imposées.

Paradoxalement, Peer Steinbrück a conquis sa bonne réputation en Allemagne quand il était ministre dans le gouvernement d'Angela Merkel. Il a notamment réussi à bien gérer la crise financière, le rendant aussi populaire dans l'électorat de droite, mais suscitant l'ire des syndicats. Il tente de toucher la gauche avec des thèmes comme le salaire minimum légal ou la lutte contre la pauvreté des aînés, mais peine à effacer son image de technocrate froid.

Frédéric Boillat

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Tendances pour le 22 septembre

Les législatives apparaissent comme une victoire annoncée d'Angela Merkel, qui peut compter sur deux tiers d'opinions favorables. La seule inconnue réside peut-être dans la faiblesse de ses alliés, qui pourrait forcer l'actuelle dirigeante à former une coalition.

Avec seulement un tiers d'opinions favorables, Peer Steinbrück semble battu d'avance, mais il dit compter sur le vote de dernière minute, car 30 à 40% des électeurs se décident à la dernière minute. Et un rapprochement avec les Verts pourrait aussi lui rapporter des voix.