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Près de 30 policiers égyptiens tués dans une attaque au Sinaï

Une ambulance, transportant les corps des officiers de police égyptiens tués, a quitté lundi l'hôpital pour l'aéroport à Al-Arich, la capitale du Nord-Sinaï. [EPA/SAFA SABER]
Une ambulance, transportant les corps des officiers de police égyptiens tués, a quitté lundi l'hôpital pour l'aéroport à Al-Arich, la capitale du Nord-Sinaï. - [EPA/SAFA SABER]
Près de 30 policiers égyptiens ont été tués lundi lors d'une attaque à la roquette contre deux minibus qui les transportaient dans le Sinaï, selon des sources médicales et de sécurité.

La spirale des violences s'accélère avec 25 policiers et 37 détenus islamistes tués en moins de 24 heures en Egypte, où les forces de l'ordre répriment dans le sang les partisans du président destitué Mohamed Morsi, les qualifiant de "terroristes".

Dans la péninsule désertique du Sinaï, base arrière de nombreux groupes islamistes armés, des assaillants ont attaqué lundi à la roquette deux minibus de la police, tuant au moins 25 policiers qui se rendaient à Rafah, où se trouve le point de passage vers la bande de Gaza.

Cette attaque, la plus meurtrière visant les forces de l'ordre depuis des années, porte à 102 le nombre de policiers tués en cinq jours.

Passage de Rafah fermé

Peu après, l'Egypte a fermé pour une durée indéterminée le poste de passage de Rafah, seul accès à la bande de Gaza qui ne soit pas contrôlé par Israël. Le terminal avait déjà été fermé la semaine dernière, mais il avait en partie rouvert samedi, selon le Hamas, qui contrôle le territoire palestinien.

L'attaque intervient sur fond de grave crise politique en Egypte, et rappelle la violence islamiste orchestrée par les groupes al-Jihad et al-Gamaa al-Islamiya, qui avait fait 1300 morts dans les années 1990.

Dimanche soir, dans des circonstances encore troubles, 37 détenus issus des Frères musulmans, ont péri asphyxiés dans un fourgon qui les transportait vers une prison du Caire, la police évoquant une tentative d'évasion. Le camp de Mohamed Morsi a dénoncé un "assassinat".

>> Lire : Des dizaines de détenus islamistes tués au Caire

afp/hend/jgal

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Réunion mercredi à Bruxelles

Les ministres des Affaires étrangères des pays de l'Union européenne se réuniront exceptionnellement mercredi à Bruxelles pour examiner la situation en Egypte et s'entendre sur une position commune dans le but d'éviter une guerre civile, a annoncé un porte-parole du service diplomatique de l'UE.

Les présidents du Conseil européen, Herman Van Rompuy, et de la Commission, José Manuel Barroso, avaient évoqué la possibilité que l'UE "réexamine ses relations" avec Le Caire en cas de la poursuite des violences.

L'une de ces options est la suspension de l'aide financière, alors que l'UE a approuvé fin 2012 un programme de 5 milliards d'euros en faveur de l'Egypte pour la période 2012-2014.

Les pays arabes prêts à soutenir l'Egypte

Le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud al-Fayçal, a affirmé lundi que les pays arabes étaient prêts à compenser toute baisse de l'aide occidentale à l'Égypte.

"Ceux qui ont annoncé l'arrêt de leur aide à l'Égypte ou menacent de le faire doivent réaliser que la nation arabe et islamique, avec les ressources dont elle dispose, n'hésitera pas à apporter son aide à l'Égypte", a déclaré le prince Saoud dont le pays a déjà annoncé 5 milliards de dollars d'aide à l'Égypte après le renversement début juillet par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi.

Son pays déplore les positions européennes qu'il perçoit comme un soutien aux islamistes égyptiens.

Le Sinaï, base arrière des islamistes

Des groupes islamistes radicaux ont établi leur base arrière dans cette péninsule essentiellement désertique et majoritairement peuplée de bédouins aux relations difficiles avec le pouvoir central, théâtre en outre de multiples trafics le long de la frontière israélienne.

En juillet, l'Egypte avait déployé des forces supplémentaires dans la péninsule pour lutter contre les groupes radicaux.

Amnesty dénonce un "carnage total"

Amnesty International a dénoncé lundi un "carnage total" en Egypte où les violences entre les forces de l'ordre et les manifestations favorables au président islamiste déchu ont fait des centaines de morts, et a déploré la "faiblesse" des réactions internationales.

Selon un communiqué de l'organisation de défense des droits de l'Homme basée à Londres, "une violation claire de la loi internationale est en train d'être commise en Egypte dans ce qui peut être décrit comme un carnage total".

Amnesty appelle les autorités intérimaires mises en place par l'armée égyptienne à "prendre des mesures immédiates pour prévenir d'autres pertes de vies en rétablissant l'ordre public et la sécurité dans la rue".