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Scepticisme des experts face à l'accord sur les armes chimiques syriennes

John Kerry et Sergueï Lavrov lors d'une conférence de presse jeudi soir. [Martial Trezzini]
L'accord conclu par John Kerry et Sergueï Lavrov fixe un calendrier serré. - [Martial Trezzini]
Un an pour démanteler l'arsenal chimique militaire syrien, comme le prévoit l'accord américano-russe conclu samedi à Genève? Deux mois pour envoyer des experts en Syrie? Les experts se montrent sceptiques.

"La destruction de l'arsenal chimique à l'horizon novembre 2014, compte tenu de la guerre civile, je n'y crois pas", estime Olivier Lepick, spécialiste de la Fondation pour la recherche stratégique, dont le siège est à Paris.

"Cela paraît parfaitement fantaisiste. Dans une situation de paix, il faudrait plusieurs années. La Syrie n'a aucune infrastructure pour détruire ses armes chimiques. Il faut construire une usine, sans doute à plusieurs centaines de millions de dollars", poursuit-il.

Nombreux écueils

Damas a une semaine pour livrer la liste de ses armes chimiques, selon les termes de l'accord russo-américain conclu samedi à Genève. Des inspecteurs doivent ensuite se rendre en Syrie en novembre afin de vérifier le processus de démantèlement.

La constitution d'une équipe d'inspecteurs compétents ne sera pas chose facile, même en deux mois d'ici à novembre, juge David Kay, ex-responsable de l'inspection des armes en Irak au moment de l'intervention américaine de 2003.

"Très franchement, fort de mon expérience en Irak, certaines personnes ne voudront pas aller dans une zone de combats", a-t-il ajouté sur la chaîne de télévision américaine CNN.

Lire aussi: La Suisse propose son aide pour éliminer les armes chimiques syriennes

afp/dk

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Stocks russes et américains pas tous détruits

Olivier Lepick rappelle que les Etats-Unis et la Russie eux-mêmes n'ont toujours pas fini de détruire leurs propres stocks (respectivement 30'000 et 40'000 tonnes, selon lui).

Ils ont pourtant investi des milliards de dollars depuis le milieu des années 1990 pour se conformer à la convention d'interdiction de 1993.

Les Etats-Unis et la Russie évaluent tous deux le stock syrien à 1000 tonnes.

Comment détruire les stocks?

"Il y a deux grandes méthodes: soit l'incinération, soit l'hydrolyse (en mélangeant de l'eau aux agents chimiques, également à haute température)", souligne Olivier Lepick.

Un transfert des armes chimiques de Syrie vers un autre pays est interdit par la Convention de 1993 interdisant les armes chimiques, à laquelle Damas vient d'adhérer.

Certes, la Syrie a une frontière avec un pays qui n'a pas ratifié cette convention entrée en vigueur en 1997 - mais il s'agit d'Israël, l'ennemi juré de Damas, où un transfert n'est pas envisageable pour d'évidentes raisons politiques.