José Manuel Barroso et Enrico Letta ont été accueillis mercredi à Lampedusa, en Italie, par les huées d'habitants. Le président de la Commission européenne et le chef du gouvernement italien se sont recueillis devant les corps des 289 migrants morts noyés jeudi.
"Honte!", "Assassins!", a crié un petit groupe d'habitants venus les attendre à l'aéroport, en brandissant des photographies de migrants. Ils ont continué à haranguer les deux dirigeants lors du passage de l'escorte officielle de l'aéroport vers le petit port.
La commissaire chargée des Affaires intérieures Cecilia Malmström, qui fait partie de la délégation, a tweeté sa réaction:
L'Europe "ne peut pas détourner la tête"
Après le moment de recueillement, les deux responsables doivent rencontrer les gardes-côtes, les ONG et les personnalités locales ainsi qu'un groupe de réfugiés.
L'Europe "ne peut pas détourner la tête" de ces drames, a déclaré José Manuel Barroso. "Ce drame est un drame européen", a renchéri Enrico Letta, présentant ses "excuses pour les défaillances de notre [son] pays".
La visite se déroule dans une ambiance tendue, alors que les immigrés clandestins sont parqués dans un centre d'accueil surpeuplé. L'île de moins de 6000 habitants reproche à Rome de ne pas avoir de politique d'accueil cohérente et à l'Europe de ne pas être suffisamment solidaire.
afp/boi
Un coup de pouce de Frontex à l'Italie
Frontex, l'agence de surveillance des frontières européennes, a annoncé qu'elle va doter l'Italie de 2 millions d'euros supplémentaires, après le naufrage au large de l'île de Lampedusa. Depuis le drame, la politique migratoire de l'UE a été vivement critiquée.
La somme doit permettre de prolonger jusqu'à novembre l'opération Hermès. Cette dernière concerne les îles Pélage, dont la plus grande est celle de Lampedusa.
Plus de 300 corps repêchés
Les plongeurs italiens poursuivent leur éprouvant travail de récupération des corps après le naufrage de jeudi passé.
A ce jour, pas moins de 302 corps ont été récupérés, dont une cinquantaine mardi.
Selon le témoignage d'un des survivants du naufrage, "le bateau transportait 545 personnes, parmi lesquelles environ 20 enfants, âgés de quelques mois à huit ans".
Seules 155 personnes ont pu être sauvées, ce qui laisse craindre un bilan de 300 à 390 morts.
Des funérailles nationales
Durant sa visite à Lampedusa, Enrico Letta a annoncé que des funérailles d'Etat seraient organisées pour les victimes du naufrage.
"Ce drame est un drame européen", a-t-il insisté, tout en ajoutant que l'Italie "ferait sa part" du travail.
Ce naufrage "est une tragédie humaine, la pire jamais survenue en Méditerranée", a conclu le chef du gouvernement italien.