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Jimmy Carter: "Merci à la Suisse pour ce qu'elle fait sur le dossier iranien"

Jimmy Carter, 39e président des Etats-Unis. [Soe Zeya Tun]
Entretien exclusif avec Jimmy Carter, ancien président des Etats-Unis / Journal de 06h30 / 6 min. / le 21 octobre 2013
Président des Etats-Unis de 1977 à 1981, le démocrate Jimmy Carter donne, dans un entretien à la RTS, son point de vue sur les dossiers chauds de l'actualité: "shutdown", Iran, drones.

Rôle de la Suisse dans le dossier du nucléaire iranien, politique intérieure américaine, médiation dans des conflits régionaux, action humanitaire: dans un entretien réalisé à Atlanta et diffusé dans le Journal du matin de la RTS lundi, Jimmy Carter, démocrate américain de 89 ans et président des Etats-Unis entre 1977 et 1981, passe en revue des dossiers chauds du moment pour son pays. Extraits.

Le "shutdown" et les batailles partisanes

Réagissant à chaud sur la menace de défaut de paiements qui pesait sur les Etats-Unis, Jimmy Carter est clair: "Je trouve ça écœurant! Quand j'étais président, je m'entendais aussi bien avec les républicains qu'avec les démocrates et nous savions très bien comment faire passer des lois." Cause de cette tension selon lui, l'argent injecté massivement dans les campagnes électorales et la tendance à redessiner les circonscriptions électorales ("gerrymandering") selon des intérêts partisans.

Mais Jimmy Carter se veut aussi rassurant: "L'Amérique a toujours été capable de régler ses problèmes et je pense que nous résoudrons celui-là" (Lire aussi: Le Congrès américain relève le plafond de la dette des Etats-Unis).

L'Iran, "avec l'aide de la Suisse"

"Je suis très reconnaissant de ce que la Suisse fait. (...) La Suisse offre un forum de discussion quand les gens ne peuvent se parler nulle part ailleurs", confie l'ancien président au sujet du rôle de la Suisse dans les relations entre les Etats-Unis et l'Iran.

"Je prie, et j’ai bon espoir que le nouveau président iranien fasse preuve de flexibilité." Et d'ajouter que si Iran et Etats-Unis avancent "pas à pas, je pense que ça marchera… avec l'aide de la Suisse" (lire aussi: Genève accueillera une nouvelle réunion sur le nucléaire iranien).

Une pratique des droits humains "très critiquable"

"J’ai été tout à fait franc à propos de certaines choses dans mon pays", assène Jimmy Carter. "Par exemple, nous avons été en conflit sans arrêt depuis la Seconde Guerre mondiale, à l’exception de mes quatre années de présidence."

Il se penche notamment sur le dossier du respect des droits humains aux Etats-Unis: "Je suis très critique envers notre gouvernement à cause de ses abus des droits humains, à cause de l’incarcération permanente de personnes qui n’ont jamais été accusées d’un crime, n’ont pas d’avocat pour se défendre et pourraient passer le reste de leur vie en prison."

"Je suis contre les attaques de drones"

Enfin, Jimmy Carter contestent "les attaques de drones qui tuent des gens simplement accusés d'un crime potentiel et qui meurent souvent aux côtés de beaucoup d’innocents".

"Donc, il y a des choses au sujet du gouvernement américain que je n’approuve pas et je le fais savoir avec force, mais toujours en respectant les présidents en place, car ils essaient de faire de leur mieux" (lire aussi: Les drones américains auraient tué 4700 personnes dans le monde).

Eric Guevara-Frey/gax

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Le ver de Guinée quasi éradiqué

Combat majeur du Centre Carter depuis près de 30 ans, alors que "personne n’en savait grand chose": l'éradication du ver de Guinée. Après des explorations à travers le monde, "nous avons trouvé le ver de Guinée dans trois pays asiatiques ainsi que dans 17 pays d’Afrique sub-saharienne. Nous avons trouvé 3 millions et demi de cas dans plus de 26'000 villages, et nous sommes allés dans tous ces villages! Nous avons fait passer le nombre de cas à 126 aujourd’hui. Chaque malade et sa localisation sont désormais connus. Ils peuvent donc être isolés et on évite la transmission de la maladie."

"Nous approchons du moment où il n’y aura plus de ver de Guinée, se réjouit Jimmy Carter. Ce sera alors la deuxième maladie éradiquée de la planète, après la variole. Et la première maladie à être éradiquée sans vaccin. Il n’y a pas de traitement contre le ver de Guinée; vous devez juste enseigner aux gens dans chaque village ce qu’il faut faire pour prévenir de nouveaux cas."

"Je vais où les Américains ne peuvent aller"

Evoquant son rôle de médiateur international, Jimmy Carter dit se rendre dans des régions du monde avec lesquelles les Etats-Unis n’ont pas de relations, comme la Corée du Nord.

"J’irai bientôt au Népal, qui a un gouvernement maoïste condamné par les Etats-Unis. Je vais à Cuba quand je veux. Et nous travaillons directement avec le Hamas, le Fatah, les Israéliens pour la paix au Moyen-Orient," conclut Jimmy Carter.