Trois jours d'intenses négociations entre l'Iran et six puissances mondiales se sont achevées dimanche aux premières heures à Genève sans déboucher sur un accord sur le programme nucléaire iranien.
Les négociations ont buté les deux derniers jours sur les exigences de clarification de certains participants, en particulier la France. (voir ci-contre)
Des garanties étaient notamment demandées sur certains volets du programme, dont le sort du réacteur à eau lourde d'Arak, en construction pour être fonctionnel l'été 2014. Restent également en suspens les questions liées à la fabrication de plutonium, l'enrichissement de l'uranium à 20%, le parc de 19'000 centrifugeuses et la fabrication d'une nouvelle génération de centrifugeuses cinq fois plus rapides.
Nouvelle réunion le 20 novembre à Genève
"Nous avons fait beaucoup de progrès concrets, mais des différences demeurent", a déclaré peu après minuit la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Catherine Ashton, lors d'une conférence de presse très courte aux côtés du ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif.
"Les négociations reprendront au niveau des directeurs politiques le 20 novembre à Genève", a-t-elle annoncé. John Kerry a salué "les progrès accomplis" dans les négociations, estimant qu'on était maintenant "plus proche d'un accord".
De son côté, le président iranien Hassan Rohani a déclaré dimanche que son pays ne renoncerait pas à ses "droits nucléaires", y compris l'enrichissement d'uranium.
agences/mre
Le rôle de la France en question
La France a, à plusieurs reprises, insisté sur les points de blocage, au risque, faute d'accord, d'apparaître aussitôt suspecte.
La délégation française s'est défendue d'avoir été le grain de sable qui a empêché la conclusion d'un accord. De fait, aucun des ministres qui s'est exprimé à l'issue de la réunion n'a incriminé publiquement la France, comme l'ont fait en Iran des députés iraniens et des médias.
Samedi, l'agence officielle Irna a été jusqu'à affirmer que le ministre français "entravait" l'accord entre l'Iran et les grandes puissances.
Paris agace
Un diplomate occidental, sous couvert d'anonymat, avait laissé samedi dans la journée poindre une certaine exaspération à l'égard de Paris. "Les Américains, l'Union européenne et les Iraniens travaillent intensivement depuis des mois sur ce processus et il ne s'agit rien de plus que d'une tentative de Fabius de se donner une importance tardivement", avait-il dit.
La propension de Laurent Fabius à s'exprimer sur les médias a peut-être joué un rôle dans la suspicion à son encontre. Le fait qu'il soit sorti samedi soir le premier de la salle de réunion, qu'il ait été le premier à annoncer l'impossibilité à ce stade d'aboutir à un accord, grillant la politesse à la porte-parole du groupe des six, Cathy Ashton, a pu aussi jouer en sa défaveur.
La Suisse salue les progrès
La Suisse a salué les progrès enregistrés. "Ils constituent un pas vers plus de sécurité dans le monde, l’une des priorités de la politique étrangère de la Suisse", a affirmé le Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE) dans un communiqué.
"Les progrès enregistrés dans le dossier nucléaire iranien confirment la pertinence de la voie diplomatique, seule à même d’apporter une solution durable à cette question à la satisfaction de toutes les parties impliquées. La Suisse continuera de soutenir les efforts diplomatiques en ce sens et se tient à disposition pour accueillir les futures étapes de ces pourparlers", a ajouté le DFAE.