La justice turque a prononcé ses premières inculpations dans le cadre de la spectaculaire opération anticorruption qui éclabousse le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et son gouvernement islamo-conservateur qui avait érigé en priorité la lutte contre la corruption.
Tempête politique
Le parquet d'Istanbul a ordonné dans la nuit de jeudi à vendredi le placement en détention de 8 des dizaines personnes interpellées mardi à l'aube à Istanbul et Ankara par la direction financière de la police lors d'un coup de filet qui a créé une tempête politique inédite au sommet de l'Etat turc.
Les fils des trois ministres de l'Economie, de l'Intérieur et de l'Environnement, le patron de la banque publique Halk Bankasi, Suleyman Aslan, et le maire du district stambouliote de Fatih, Mustafa Demir, ont été mis en garde à vue.
Tous sont soupçonnés de corruption, de fraude et de blanchiment d'argent dans le cadre de trois enquêtes liées à des marchés publics immobiliers et de transactions d'argent et d'or entre la Turquie et l'Iran sous embargo.
afp/jvia
"Théorie du complot" pour Erdogan
Comme il l'a fait lors de la fronde antigouvernementale qui a secoué la Turquie en juin, Erdogan a brandi mercredi la théorie du complot et accusé un "Etat dans l'Etat" d'être à l'origine de cette "sale opération" destinée à le salir.
Même s'il ne l'a pas nommément citée, tous les observateurs ont vu dans cette mise en cause la manifestation d'un divorce entre le pouvoir et la puissante confrérie du prédicateur musulman Fetullah Gülen, très influente dans la police et la magistrature, mais en guerre contre le gouvernement.