Le gouvernement conservateur espagnol a adopté vendredi un projet de loi limitant fortement l'avortement. Il revient ainsi à un système similaire à celui de 1985, en dépit de l'opposition des féministes et de la gauche qui dénoncent un "retour en arrière de 30 ans".
Loi de 2010 annulée
Cette future loi, qui devrait être approuvée au Parlement, où le Parti populaire détient la majorité absolue, annule une loi de l'ex-gouvernement socialiste de 2010 qui autorisait l'avortement jusqu'à 14 semaines et jusqu'à 22 semaines en cas de malformation du foetus.
Le texte fixe deux conditions sans lesquelles l'avortement ne sera pas autorisé: "que celui-ci soit nécessaire en raison d'un grave danger pour la vie ou la santé physique ou psychologique de la femme" et "que la grossesse soit une conséquence d'un délit contre la liberté ou l'intégrité sexuelle de la femme", a expliqué le ministre de la Justice, Alberto Ruiz-Gallardon.
La loi impose aussi une autorisation parentale pour les mineures.
afp/jvia
Un projet qui suscite la grogne
Plusieurs députées de gauche ont signé mardi un "pacte pour le droit à l'interruption volontaire de grossesse" émanant d'un collectif de 200 associations de femmes, appelant les députées du Parti populaire à les rejoindre.
Le président de la Fédération du planning familial, Luis Enrique Sanchez, a lui affirmé que la future loi pourrait signifier "un retour en arrière à la situation des années 1980, avec des femmes espagnoles qui vont en France ou en Angleterre" pour avorter lorsqu'elles en ont les moyens.
Les Espagnols divisés
Selon une étude de l'institut Metroscopia publiée en mai dans le journal à tendance de gauche El Pais, 46% des Espagnols sont favorables au maintien de la loi de 2010 contre 41% en faveur de la limitation de l'avortement.
Un total de 118'359 interruptions volontaires de grossesse ont été enregistrées en Espagne en 2011, après 113'031 en 2010.