Les deux membres du groupe contestataire russe Pussy Riot, Maria Alekhina et Nadejda Tolokonnikova, ont été remises en liberté lundi après avoir été amnistiées.
"Maria Alekhina a retrouvé la liberté", a déclaré son avocat Pyotr Zaikin à RIA Novosti. "Tous les documents ont été remplis et signés", a-t-il précisé.
Quant à la libération de Nadejda Tolokonnikova, elle a été annoncée lundi sur Twitter par son mari Piotr Verzilov. Il a publié une photo prise à la sortie de prison sur le compte du groupe Voïna, également connu pour ses performances artistiques provocantes, dont il a fait partie avec sa femme:
Des contestataires amnistiées
Maria Alekhina et Nadejda Tolokonnikova avaient été condamnées à deux ans de prison en 2012 après avoir chanté en février une prière punk dans une église à Moscou. Elles auraient normalement dû sortir de prison début mars. Elles ont été amnistiées la semaine dernière.
Les députés russes ont voté mardi en première lecture un projet de loi d'amnistie pour les 20 ans de la Constitution.
Le texte prévoit d'amnistier les personnes condamnées à des peines inférieures à cinq ans de détention, notamment pour "hooliganisme", charge retenue contre les membres du groupe Pussy Riot.
ats/gchi/jvia
"Opération de communication"
Peu après sa libération, Maria Alekhina a fustigé la loi d'amnistie qui a permis sa libération: "je ne pense pas qu'il s'agisse d'un geste d'humanisme, mais plutôt d'une opération de communication", a assené la jeune femme sur la chaîne Dojd.
"C'est une profanation", a-t-elle également estimé, dénonçant une loi qui ne concerne "même pas 10%" des détenus. "Si j'avais eu le choix, j'aurais refusé", a-t-elle ajouté, disant en pas avoir changé d'avis sur le président Vladimir Poutine.
"Le plus dur en prison était de voir comment ils cassent les gens", a-t-elle encore déclaré.
"Les camps sont le visage du pays"
"La Russie est construite sur le modèle d'une colonie pénitentiaire et c'est la raison pour laquelle il est si important de changer les colonies pour changer la Russie de l'intérieur", a déclaré Nadejda Tolokonnikova à des journalistes à sa sortie de détention à Krasnoïarsk en Sibérie orientale, selon des images retransmises à la télévision.
"Les camps sont le visage du pays", a-t-elle ajouté. Elle a jugé que le temps qu'elle avait passé en détention n'avait pas été "du temps perdu", et estimé qu'elle avait "grandi" grâce à cette expérience.
"J'ai vu cette petite machine totalitaire de l'intérieur", a-t-elle déclaré, promettant de se consacrer à la défense des détenus.