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Les experts russes concluent à la mort naturelle de Yasser Arafat

François Bochud. [Laurent Gilliéron]
Interviews de François Bochud (CHUV) et de Marc Bonnant (avocat de la veuve Arafat) / Forum / 9 min. / le 26 décembre 2013
La mort de Yasser Arafat en 2004 est naturelle, selon les conclusions des experts russes dévoilées jeudi. Critiques, les chercheurs lausannois maintiennent l'hypothèse de l'empoisonnement.

Les experts russes chargés d'analyser des échantillons prélevés sur la dépouille de Yasser Arafat ont conclu à un décès naturel et excluent tout empoisonnement au polonium, a indiqué jeudi le chef de l'agence qui a mené les analyses. Ces conclusions rejoignent celles des experts mandatés par la justice française mais divergent de celles des experts suisses.

Yasser Arafat "est mort d'une mort naturelle et non du résultat d'une irradiation", a souligné le directeur de l'Agence fédérale d'analyses biologiques.

L'enquête continue

L'ambassadeur palestinien à Moscou a assuré que l'enquête sur le décès de Yasser Arafat se poursuivait, malgré ce rapport.

Le professeur François Bochud, directeur de l'Institut de radiophysique de Lausanne, a dénoncé une "déclaration politique" sans fondement scientifique. "Ils n'ont pas communiqué leur rapport, ils disent simplement des conclusions que n'importe qui pourrait dire", a-t-il ajouté.

Les experts suisses mandatés avaient réaffirmé début décembre que leurs résultats soutenaient "raisonnablement l'hypothèse de l'empoisonnement" (lire: Le diagnostic français sur la mort d'Arafat jugé "discutable" par les experts du CHUV).

afp/cab

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Suisse, Russie, France: les rapports divergent

Une soixantaine d'échantillons avaient été répartis entre trois équipes d'enquêteurs, suisses, français et russes, chacune effectuant son travail individuellement, sans contact avec les autres.

Les analyses menées en Suisse soutiennent la thèse d'un empoisonnement. Le rapport du CHUV fait état de doses de polonium vingt fois supérieures à la normale dans le corps d'Arafat, ce qui suppose forcément l'intervention d'un tiers.

Les Français écartent eux la thèse d'un empoisonnement de l'ex-dirigeant palestinien. Le rapport "va dans le sens d'une mort naturelle".

Enfin, le rapport des Russes rejoint les conclusions françaises.

Affaire en cours depuis plus d'un an

La veuve du dirigeant palestinien, décédé en 2004, avait déposé en juillet 2012 en France une plainte contre X pour assassinat, après la découverte de polonium, une substance radioactive, sur des effets personnels de son mari.

Ce produit lui aurait été, selon elle, administré par un membre de son entourage.

Les juges d'instruction français dans ce dossier avaient alors ordonné l'exhumation de la dépouille du dirigeant, ce qui a été fait en novembre 2012.

Une soixantaine d'échantillons au total avaient été répartis pour analyse entre trois équipes d'enquêteurs suisses, français et russes.