L'armée turque a annoncé vendredi dans un communiqué publié en ligne ne pas vouloir s'immiscer dans les débats politiques dans le pays dont le gouvernement est confronté à une grave crise politico-financière. (Lire: La crise politique pousse Erdogan à remanier le gouvernement turc)
Cette déclaration de l'armée est intervenue après qu'un journal pro-gouvernemental a publié vendredi un article d'un proche conseiller politique du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, suggérant que le scandale qui éclabousse son gouvernement islamo-conservateur, aurait pu être déclenché pour ouvrir la voie à une intervention de l'armée.
Grave crise sur fond de corruption
Le Parti de la justice et du développement d'Erdogan a considérablement réduit par des réformes l'influence politique de l'armée qui, depuis 1960, a mené trois coups d'Etat et forcé un gouvernement d'inspiration islamiste à la démission.
Erdogan traverse la plus grave crise depuis que son parti AKP est arrivé au pouvoir en 2002. Un scandale de corruption a largement écorné son image et éclaboussé son entourage, le contraignant à un vaste remaniement qui n'a pas suffi à étouffer l'onde de choc.
afp/asch/olhor
Gouvernement empêché de contrôler la police
Le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative turque, a bloqué vendredi un décret gouvernemental controversé obligeant la police à informer sa hiérarchie avant toute arrestation dans le pays secoué par une crise politico-financière majeure.
Une circulaire publiée le week-end dernier obligeait les fonctionnaires de police à informer leurs supérieurs hiérarchiques avant de procéder à des perquisitions et des arrestations ordonnées par la justice.
Cette mesure avait été vue comme un moyen pour le gouvernement islamo-conservateur d'avoir la haute main sur la police.
La livre turque continue de plonger
Conséquence de la crise en cours dans le pays, la livre turque est tombée vendredi à un nouveau plus bas niveau historique face au dollar, à 2,1467 livres turques pour un dollar.
Cette chute de la monnaie s'accompagne d'une forte baisse de la Bourse dont l'indice principal BIST 100 perdait 3,76% vendredi vers 9h10 GMT (10h10 en Suisse), après avoir reculé de 2,33% jeudi et de 4,2% mercredi.
La rue se fait entendre
Fragilisé par une crise sans précédent, Recep Tayyip Erdogan doit de plus faire face vendredi à la contestation de la rue dans plusieurs grandes villes de Turquie.
Des manifestations étaient organisées dans la journée pour réclamer la démission du gouvernement emmené par le Premier ministre.
La police turque a ainsi dispersé vendredi soir des centaines de personnes qui tentaient de se réunir sur l'emblématique place Taksim d'Istanbul pour exiger la démission du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.
La police est également intervenue vendredi soir à Ankara pour disperser une manifestation de plusieurs centaines de personnes réunies dans le quartier de Kizilay, au centre-ville.