Les organisations de défense des victimes d'abus sexuels se sont félicitées mardi à Genève que le Vatican doive s'expliquer devant un comité de l'ONU.
"C'est un moment historique", a déclaré Barbara Blaine, présidente du réseau des victimes abusées par des prêtres (SNAP). Son organisation et d'autres ont présenté un rapport au comité de l'ONU, qui examinera jeudi le rapport du Saint-Siège - pour la première fois depuis 1995 - dans le cadre de sa session entamée lundi.
Poursuites exigées
Le comité de 18 experts indépendants de l'ONU devrait au moins exiger que les responsables des abus sexuels soient poursuivis en justice, a-t-elle dit.
Le Saint-Siège a refusé au Comité pour les droits de l'enfant de l'ONU de répondre à un questionnaire précis concernant les dossiers de pédophilie dont cette congrégation a connaissance. Le Vatican a ajouté ne pas être compétent, en tant que Saint-Siège, pour la collaboration entre les Eglises et les justices nationales.
ats/mre
4000 cas traités par le Vatican en 10 ans
Le Vatican traite de manière confidentielle et interne les cas d'abus. Il a reconnu en 2012 avoir traité ainsi plus de 4000 cas en dix ans. Selon les ONG, il y aurait au moins 4000 cas supplémentaires et les fichiers du Vatican contiendraient les noms d'au moins 10 000 prêtres ayant commis des abus sexuels.
Aux Etats-Unis, les ONG évaluent à 5% des prêtres ceux qui sont suspects de crimes de pédophilie.
Problèmes gérés en interne
En décembre, le pape François a décidé la constitution d'une commission spéciale pour la protection des mineurs dans l'Eglise. Ce groupe d'experts devra formuler des suggestions concernant notamment la formation des religieux et à la pastorale de soutien aux victimes.
Toutefois, le Vatican a réaffirmé que la compétence pour traiter les abus sexuels par le clergé reste celle des évêques et des conférences épiscopales et que la responsabilité de la Congrégation pour la doctrine de la foi ne changera pas.