Initiée par Washington et Moscou, la conférence de paix dite de Genève 2 entend trouver une solution politique pour une sortie de crise en Syrie. L'enjeu est de taille, puisque le régime de Damas et l'opposition syrienne se retrouveront pour la première fois à la table des négociations. L'Iran n'a finalement pas été invité sur les bords du Léman.
Le régime de Damas
Une délégation officielle syrienne, "munie des directives du président Bachar al-Assad", représentera le régime de Damas, notamment "l'anéantissement du terrorisme".
Le ministère des Affaires étrangères a précisé que la délégation syrienne ne venait pas à Genève pour remettre les clés du pouvoir et qu'il était hors de question d'écarter Bachar al-Assad comme le réclament les pays occidentaux et l'opposition.
La Coalition nationale de l'opposition syrienne
L'unique objectif de l'opposition syrienne est d'obtenir le départ de Bachar al-Assad.
La Coalition était très divisée sur l'opportunité de s'asseoir à la table des négociations avec les représentants du régime de Damas. Nombre de ses membres refusent de se retrouver à la même table qu'un régime dont ils veulent la chute depuis près de trois ans et ne seront pas présents à Genève (voir-ci dessous "les grands absents").
Durant plusieurs semaines, les soutiens occidentaux et arabes ont vivement insisté pour obtenir le oui de l'opposition.
L'ONU
La conférence de Genève 2 sera ouverte par le Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.
L'invitation du secrétaire général à une quarantaine de pays explique clairement que le but de la conférence est la "mise en place d'un gouvernement de transition doté des pleins pouvoirs", comme l'avait préconisé le précédent sommet de Genève 1.
Selon l'ONU, plus de 100'000 personnes ont été tuées depuis le début du conflit en Syrie.
Les Etats-Unis
Les Etats-Unis et leurs alliés étaient déterminés à lancer une frappe contre le régime syrien, suite à l'attaque chimique présumée près de Damas le 21 août dernier.
La proposition russe de placer l'arsenal chimique de Damas sous contrôle international et l'opinion populaire américaine défavorable à une intervention ont finalement suspendu les volontés de frappes américaines.
Washington apporte son soutien à l'opposition syrienne depuis son unification, notamment à travers la livraison de matériel militaire.
La Russie
Principal soutien au régime de Damas, la Russie poursuit ses livraisons d'armes dans ce pays stratégiquement crucial pour son accès au Proche-Orient.
Après de nombreuses rencontres, le ministre russe des Affaires étrangères Sergeï Lavrov et le secrétaire américain John Kerry ont oeuvré de concert, malgré leur divergences, pour organiser la conférence de Genève 2.
En initiant le plan de destruction de l'arsenal chimique syrien, la Russie s'impose en acteur incontournable du conflit.
La Chine
La Chine et la Russie, tout deux alliés, affichent des positions similaires sur le dossier syrien.
Membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies, les deux pays opposent quasi systématiquement leur veto aux projets de résolution qui sanctionnent le régime syrien.
Le Royaume-Uni accuse alors les deux pays de "mettre leurs intérêts nationaux avant la vie de millions de Syriens".
Lakhdar Brahimi
Le nouveau médiateur international de l'ONU et de la Ligue Arabe depuis septembre 2012, Lakhdar Brahimi, tente de convaincre le régime syrien et les rebelles d'entamer des négociations en multipliant ses visites en Syrie.
L'émissaire, qui a succédé à Kofi Annan, a jugé sa mission "extrêmement difficile" dès son entrée en fonction, au vu des objectifs apparemment inconciliables des deux camps.
Bachar al-Assad
Représenté par une délégation officielle du régime de Damas, le président syrien Bachar al-Assad ne sera pas présent en personne à Genève.
Pour lui, une sortie de crise est exclue s'il est évincé du pouvoir. En fonction depuis l'an 2000, il vise même un second mandat à la tête du pays.
A la veille de la conférence, il prévient que la guerre contre l'opposition en Syrie sera encore longue et rejette toute distinction entre rebelles et djihadistes.
L'Iran
Allié de Bachar al-Assad, l'Iran est accusé de soutenir militairement et financièrement le régime syrien.
L'ONU se rétracte et retire son invitation pour Genève 2 à l'Iran, à la veille de la conférence, devant les protestations des Occidentaux et la menace de la délégation de l'opposition syrienne de boycotter la réunion.
Cette rétractation est une erreur, estime le ministre russe Sergeï Lavrov. "Si quelqu'un met en doute la nécessité d'inviter tous les acteurs importants à la conférence Genève 2, alors c'est qu'il ne souhaite pas le règlement juste et négocié de la crise syrienne", a-t-il déclaré.
Le Conseil national syrien
Le Conseil national syrien (CNS), une des principales composantes de l'opposition, a annoncé son retrait de la Coalition pour protester contre sa participation à Genève 2.
Genève 2 "cherche à rapprocher les positions du régime syrien et celles de l'opposition, les plaçant sur un pied d'égalité. La communauté internationale n'a rien à offrir qui nous ferait changer de position", avait affirmé un membre de la CNS.
Le Front islamique syrien
Le Front islamique, puissante alliance de rebelles islamistes syriens composé notamment de djihadistes étrangers, refuse de participer à Genève 2.
L'avenir de la Syrie "se jouera sur le terrain de l'héroïsme, et sera signé par le sang sur les lignes de front, pas lors de conférences creuses à laquelle assisteront des individus qui ne représentent même pas eux-mêmes", a écrit le 19 janvier sur Twitter Abou Omar, l'un des principaux dirigeants du mouvement.
Mélanie Ohayon avec agences