"Rhétorique incendiaire", "élucubrations agressives", accusations de "trahison": le premier jour de la conférence de paix de Genève 2 à Montreux (VD) s'est déroulé mercredi dans un climat tendu.
Réunis sur les bords du Léman, la quarantaine de représentants de pays et d'organisations ont rapidement constaté que le fossé restait gigantesque entre le régime de Bachar al-Assad et l'opposition syrienne en exil.
Le sort de Bachar al-Assad
La question du sort du président Bachar al-Assad a plané sur la réunion. Russes et Américains continuent ainsi de s'opposer sur l'interprétation des principes édictés en juin 2012 lors de la conférence Genève 1.
Les Occidentaux parlent de formation d'un gouvernement de transition sans Bachar al-Assad, une condition que réfutent les Russes et les Syriens pro-Assad.
Le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, a annoncé qu'il rencontrerait jeudi les deux parties séparément pour discuter de la prochaine étape des négociations.
"Trop c'est trop"
Lors de cette conférence, prélude aux négociations entre les seules délégations syriennes dès vendredi à Genève, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a quant à lui rappelé l'enjeu de la rencontre, synonyme "d'espoir" après trois ans d'affrontements meurtriers.
"Trop, c'est trop, il est temps de négocier", a martelé Ban Ki-moon. "Tous les Syriens ont les regards tournés vers vous aujourd'hui", a-t-il dit aux deux délégations syriennes qui se faisaient face à quelques mètres de distance.
Lire aussi notre présentation: Les principaux acteurs de la seconde conférence de paix sur la Syrie
agences/dk
La journée en tweets, par nos correspondants à Montreux:
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John Kerry fâche le régime syrien
"Bachar al-Assad ne prendra pas part au gouvernement de transition. Il est impossible, inimaginable, que cet homme qui a exercé une telle violence contre son propre peuple puisse conserver la légitimité pour gouverner", a lancé le secrétaire d'Etat américain John Kerry.
Piqué au vif, le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem lui a répondu vertement: "Monsieur Kerry, personne au monde n'a le droit de conférer ou de retirer la légitimité à un président (...) sauf les Syriens eux-mêmes".
Pour sa part, le chef de la délégation de l'opposition Ahmad Jabra a appelé le président Bachar al-Assad à remettre son pouvoir à un gouvernement de transition conformément à la déclaration de Genève 1.
Vif échange entre l'envoyé de Damas et Ban Ki-moon
Le discours du chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem a été l'occasion d'une vive passe d'armes entre le secrétaire général de l'ONU et le ministre syrien des Affaires étrangères.
Le responsable syrien avait dix minutes de temps de parole. Mais après 20 minutes de discours, Ban Ki-moon s'est décidé à l'interrompre en lui demandant de conclure.
"Vous vivez à New York et moi je vis en Syrie, j'ai le droit de donner la version syrienne ici devant ce forum", a lancé Walid Mouallem au patron des Nations unies.
La remarque n'a pas plu au secrétaire général de l'ONU qui a rappelé à Walid Mouallem, revenu au silence après 35 minutes de discours, que son intervention était contraire à "l'atmosphère constructive" qu'il avait appelée de ses voeux à l'ouverture de la conférence.